Pour maintenir et
augmenter la demande en médicaments malgré la panne de l'innovation,
les firmes pharmaceutiques cherchent à influencer plus fortement le grand
public et elles réorientent vers les "consommateurs" potentiels
une partie grandissante de leur budget marketing. La
publicité grand public directe pour les médicaments de prescription
étant actuellement interdite en Europe, les stratégies promotionnelles
des firmes sont multiformes et de plus en plus insidieuses : publicité
déguisée en "information" sur les maladies et les médicaments,
façonnage de maladies (alias disease mongering), fabrication de scoops
"médico-médiatiques", "soutien" à des
associations de patients artificiellement créées, fidélisation
de la clientèle via la mise en uvre de programmes dits d'"aide
à l'observance", et autres "plans de gestion de risques". La
Commission européenne soutient les firmes dans leur souhait de lever tout
obstacle à une communication directe vers les patients. Malgré
leur échec cinglant de 2002 (rejet par 494 députés contre
42 de la proposition de lever l'interdiction de la publicité directe aux
consommateurs pour les médicaments de prescription), Commission et firmes
reviennent à la charge en 2007. Elles
invoquent cette fois le "droit fondamental des patients à l'information",
notamment provenant des firmes pharmaceutiques. En mai 2007, deux simulacres de
consultation ont été organisées par la Commission, en vue
de préparer la dérégulation souhaitée par les firmes
et annoncée pour fin 2007. Le
Collectif Europe et Médicament, dont Prescrire est un membre actif, se
mobilise et contribue au débat. Il rappelle à la Commission que
son soutien aux firmes ne doit pas faire oublier sa mission de protection de la
santé publique.
©Collectif Europe et
Médicament 1er juillet 2007 |