Le dextropropoxyphène est un opiacé apparenté
à la méthadone. Il s'accumule en particulier en cas d'insuffisance
rénale et chez les patients âgés. Il entraîne une dépression
respiratoire et perturbe la conduction cardiaque, avec bradycardie et troubles
du rythme (1,2). Décès et retraits
du marché Le risque d'intoxication mortelle a motivé le
retrait du marché en Suède et en Suisse (1). Fin 2006, le système
néozélandais de pharmacovigilance a informé de 16 décès
liés au dextropropoxyphène notifiés en Nouvelle-Zélande
en 2 ans, dont 6 décès accidentels, c'est-à-dire en dehors
d'un contexte de suicide (3). Des restrictions d'utilisation ont été
décidées. En Angleterre et au Pays de Galles, il est prévu
que les autorisations de mise sur le marché (AMM) des associations
dextropropoxyphène + paracétamol soient retirées fin 2007 (1,2,4).
Aux États-Unis d'Amérique, l'association de consommateurs Public
Citizen a présenté à la Food and Drug Administration une
pétition demandant le retrait des spécialités à base
de dextropropoxyphène, au vu des données du réseau Dawn (Drug
abuse warning network), qui a recensé 2 110 décès accidentels
liés au dextropropoxyphène entre 1981 et 1999 (5).
France :
des décès mais pas de retrait En France, en 2005, une
étude a montré que les Centres antipoison recensent en moyenne 7
décès par an liés au dextropropoxyphène (1). On
ne sait pas comment ces Centres ont pu étudier les patients chez lesquels
le médicament n'avait pas été suspecté avant le décès,
ni comment ont été étudiés les patients âgés,
pourtant très exposés, ni comment les notifications de pharmacovigilance
ont été prises en compte. Début 2007, une étude
a montré que les intoxications par le dextropropoxyphène semblaient
plus graves que celles dues à la codéine, mais moins graves que
celles dues au tramadol (6). La Commission nationale de pharmacovigilance
a noté les faiblesses méthodologiques de l'étude et a demandé
des études complémentaires (6).
En
pratique : se passer du dextropropoxyphène Malgré
des décennies de commercialisation à grande échelle, il n'est
pas démontré que l'association dextropropoxyphène + paracétamol
soit plus efficace que le paracétamol seul. Les décès dus
à cette association ne sont pas justifiables. Mieux vaut aider les patients
à s'en passer, et à utiliser d'autres antalgiques, en particulier
le paracétamol et la codéine. ©La
revue Prescrire 1er avril 2007 Rev Prescrire 2007 ; 27 (282) :
274. ________ Références 1-
Prescrire Rédaction "Dextropropoxyphène associé :
retrait du marché suédois" Rev Prescrire 2005 25 (265) :
665. 2- "Dextropropoxyphene". In : "Martindale The complete
drug reference" The Pharmaceutical Press, London. Site internet http://www.medicinescomplete.com
consulté le 25/01/2007 : 9 pages. 3- Medsafe "Dextropropoxyphene-paracetamol
combination products and risk of overdose" Prescriber Update 2006 27 (2) :
21-22. 4- MHRA "Withdrawal of co-proxamol" 17 janvier 2007. Site
internet http://www.mhra.gov.uk consulté le 25 janvier 2007 : 1 page. 5-
Public Citizen's Health Research Group "Petition to FDA to ban all propoxyphene"
28 février 2006. Site internet http://www.citizen.org consulté le
27 mars 2006 : 11 pages. 6- Afssaps - Commission nationale de pharmacovigilance
"Compte rendu de la réunion du mardi 28 novembre 2006'' 30 janvier
2007. Site internet http://afssaps.sante.fr consulté le 21/02/2007 :
14 pages. |