Certains patients ont des difficultés à avaler des comprimés ou des gélules. Pour contourner l'obstacle, les comprimés sont parfois écrasés ou les gélules ouvertes pour mélanger le médicament avec de la nourriture ou un liquide. Cela peut entraîner une modification de l'absorption de la substance active, avec parfois de graves conséquences pour le patient.
Le risque de surdose est d'autant plus important que l'écart entre dose efficace et dose toxique est étroit. Une surdose s'observe notamment quand une forme à libération prolongée est détériorée. À l'inverse, une sous-dose est à prévoir quand une protection gastrorésistante est détruite par broyage.
Le broyage de comprimés ou l'ouverture de gélules peut aussi exposer à une amertume prononcée, à des ulcérations de la bouche ou de l'appareil digestif, parfois à des perforations intestinales.
De plus, les doses administrées sont alors incomplètes et parfois la substance active est altérée. Par ailleurs, l'identification du médicament devient impossible.
Si le dispositif d'écrasement est commun à plusieurs patients (en institution), il peut y avoir contamination croisée, avec risque d'incompatibilités des substances entre elles. L'exposition directe aux substances actives des soignants, de l'entourage ou du patient lui-même peut être à l'origine de réactions diverses. Certaines substances libérées par broyage ou ouverture de gélule sont cancérogènes, tératogènes ou fœtotoxiques pour l'entourage.
Dans tous les cas, si le médicament est justifié et qu'il n'existe pas d'autre voie ou forme, mieux vaut bien se renseigner sur les risques liés à l'écrasement ou l'ouverture du médicament, et parfois opter pour un médicament voisin mieux adapté.
©Prescrire 1er avril 2014
"Écraser un comprimé ou ouvrir une gélule : beaucoup d'incertitudes, quelques dangers avérés" Rev Prescrire 2014 ; 34 (366) : 267-273. (pdf, réservé aux abonnés)