Divers médicaments ont une toxicité directe sur l'oreille interne ou au niveau des nerfs auditifs. Les surdités induites sont parfois irréversibles et leurs mécanismes sont mal connus. Elles sont uni- ou bilatérales et peuvent survenir progressivement ou brutalement. Parfois le lien avec la prise de médicament prend plusieurs mois, voire années, à être évoqué.
L'ototoxicité (toxicité du médicament au niveau de l'oreille) dépend souvent de la dose de médicament, de la durée de l'exposition et peut se poursuivre même après arrêt du médicament. Une perforation du tympan augmente le risque de surdité irréversible, en cas d'utilisation de gouttes auriculaires contenant des substances ototoxiques.
De nombreux médicaments exposent à une perte d'audition : des anti-infectieux tels que des antibiotiques (en particulier, les aminosides, la vancomycine, les macrolides, les cyclines), des antifongiques, des antipaludiques, des antiviraux, etc. Des anticancéreux exposent à des lésions des nerfs auditifs (en particulier, le cisplatine, les vinca-alcaloïdes, le thalidomide). Divers autres médicaments sont impliqués, médicaments cardiovasculaires, des troubles de l'érection, anti-inflammatoires non stéroïdiens, antalgiques, médicaments utilisés en rhumatologie, médicaments fixant le fer, immunodépresseurs, médicaments utilisés en endocrinologie, neuropsychotropes, etc.
Différents facteurs augmentent les risques de surdité liés à un médicament : le jeune âge ou le grand âge, une déshydratation, un problème de fonctionnement du rein, l'association avec un autre médicament ototoxique. Informer les patients leur permet d'être attentifs à l'apparition de tout signe évocateur, tel que perte d'audition, vertiges ou acouphènes (sensation auditive anormale qui n'est pas provoquée par un son extérieur).
©Prescrire 1er juin 2014
"Pertes d'audition d'origine médicamenteuse" Rev Prescrire 2014 ; 34 (368) : 428-435. (pdf, réservé aux abonnés)