En pratique, il est important de savoir remettre en question un traitement par antidépresseur, vu le peu d'efficacité globale et l'ampleur des effets indésirables de ces médicaments (tous les problèmes listés dans les notices sont avérés).
La prise d'un antidépresseur dit "inhibiteur "sélectif" de la recapture de la sérotonine" (en fait il n'y a pas vraiment de sélectivité) ou d’un antidépresseur apparenté expose à l'installation d'une dépendance : l'arrêt du médicament provoque un sevrage pénible, qui conduit beaucoup de personnes à continuer le médicament alors qu'elles ne sont pas ou plus malades. C'est un des facteurs de la surmédicamentation de la vie. (1)(2)(3)
L'effet des médicaments commercialisés comme antidépresseurs est souvent attribué à leur action sur certains neurotransmetteurs, comme la sérotonine et la noradrénaline. En pratique, on n'observe guère de corrélation entre mécanismes d'action supposés et efficacité clinique. Mais on constate que les profils d'effets indésirables et d'interactions médicamenteuses diffèrent en partie en fonction de ces mécanismes d'action supposés. (1)
Chez les enfants et les adolescents, les antidépresseurs ont été très peu étudiés, et la plupart des études n'ont pas montré d'efficacité au-delà de l'effet placebo, ou une efficacité mineure, avec par contre des effets nocifs, parfois mortels. La priorité est la prise en charge psychologique. (4)(5)
Les effets neuropsychiques à long terme sur l'enfant à naître quand une femme enceinte prend un antidépresseur sont très mal connus ; des signaux inquiétants incitent à donner la priorité à la prise en charge psychologique. (6)
Des médicaments très variés exposent à des troubles dépressifs ou à des idées suicidaires : des psychotropes, certains antiviraux, certains antibiotiques, etc. Quand le diagnostic de dépression est envisagé, il est utile de se demander si les troubles sont provoqués par un médicament. (7)
Plusieurs antidépresseurs figurent dans le dossier des médicaments à écarter publié par Prescrire en 2018 : l’agomélatine (Valdoxan°), la duloxétine (Cymbalta° ou autre), le citalopram (Seropram° ou autre), l’escitalopram (Seroplex° ou autre), le milnacipran (Ixel° ou autre), la tianeptine (Stablon° ou autre), la venlafaxine (Effexor LP° ou autre).
> Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2018 (pdf, accès libre)
Pour apprécier les propos d'un médecin ou autre professionnel de santé qui s'exprime en matière de médicament, il est toujours utile de prendre connaissance de ses liens d'intérêts sur le site transparence.sante.gouv.fr
©Prescrire 5 septembre 2018
Extraits du fonds documentaire Prescrire.
1- "Patients déprimés" Rev Prescrire 2018 ; 38 (416 Suppl. Interactions Médicamenteuses) Pdf, réservé aux abonnés
2 - "Antidépresseurs inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de la sérotonine (IRS)" Rev Prescrire 2018 ; 38 (416 Suppl. Interactions Médicamenteuses). Pdf, réservé aux abonnés
3 - "Médicamentation de la société, l'affaire de tous" Rev Prescrire 2017 ; 37 (406) : 597-603. Pdf, réservé aux abonnés
4 - "Penser à la dépression des enfants et des adolescents" Infos-Patients Prescrire. Pdf, réservé aux abonnés
5 - "Attention aux antidépresseurs chez les enfants et les adolescents" Infos-Patients Prescrire. Pdf, réservé aux abonnés
6 - "Antidépresseurs IRS et grossesse : autisme ? (suite)" Rev Prescrire 2017 ; 37 (404) :
428-429. Pdf, réservé aux abonnés
7 - "Fiche E19d Dépressions médicamenteuses en bref " Rev Prescrire 2018 ; 38 (416 Suppl. Interactions Médicamenteuses). Pdf, réservé aux abonnés
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