De nombreux médicaments ont été mis sur le marché dans le traitement de la sclérose en plaques au cours des quinze dernières années.
Depuis la mise sur le marché de l'interféron bêta (Avonex°, Betaferon° ou autre) et du glatiramère (Copaxone° ou autre) et jusqu'en 2017, une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne a été accordée pour huit autres médicaments. Ces huit médicaments ont été autorisés sur la base de seize essais cliniques, dont onze ont comparé le médicament versus placebo, les autres étant versus interféron bêta-1a, le médicament de référence faute de mieux. Onze essais avaient pour critère principal d'évaluation le taux annuel de poussées de sclérose en plaques. Autrement dit, au moment de leur mise sur le marché, la plupart des médicaments n'avaient pas été comparés au traitement de référence et leur effet sur l'évolution de la maladie à long terme n'avait pas été évalué.
Deux tiers des essais cliniques (34 sur 54) menés après obtention de l'AMM pour ces huit médicaments étaient versus placebo et 17 % (9 essais) versus interféron ou glatiramère. Parmi les essais dont les résultats finaux étaient publiés, un seul a comparé deux médicaments entre eux et un seul essai a eu pour critère d'évaluation la progression de la maladie, sans montrer d'ailleurs de progrès.
En somme, on ne sait pas quels sont les médicaments de premier choix, parce qu'ils n'ont pas été comparés entre eux, et les essais post-AMM n'ont pas été l'occasion de mieux évaluer leur effet sur la progression de la maladie. Les soignants sont contraints de fonder leurs décisions de soins davantage sur l'expérience personnelle que sur des données probantes.
Pour la collectivité, il s'agit d'un gaspillage de ressources et, pour les patients, il s'agit d'une perte de chance d'être mieux soigné.
©Prescrire 1er décembre 2018
"Sclérose en plaques : le gâchis" Rev Prescrire 2018 ; 38 (422) : 932. (pdf, accès libre)
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