Il est possible d'arrêter la vaccination systématique
de masse sous certaines conditions. Arrêt
de la vaccination systématique des enfants À l'échelon
collectif, dans la situation épidémiologique française et
les conditions de vie et d'hygiène actuelles, la vaccination par le BCG
est une mesure au mieux marginale de contrôle de la tuberculose. Il n'y
a pas de justification à l'obligation de vaccination par le BCG de tous
les enfants en collectivité. BCG intradermique
à la seringue pour les enfants à risque À titre
individuel, la balance bénéfices-risques de la vaccination par BCG
intradermique à la seringue est favorable pour les jeunes enfants les plus
à risque dans leur environnement familial, sous condition d'absence d'infection
par le HIV. En France, on ne dispose pas d'étude épidémiologique
visant à définir les enfants les plus à risque de tuberculose.
Les enfants dont l'entourage immédiat a un risque élevé de
tuberculose sont vraisemblablement eux-mêmes à risque élevé
de tuberculose : proche entourage immigré (ou réfugié)
d'un pays de forte endémicité ; antécédent de
tuberculose dans l'entourage ; situation de précarité. Le risque
de tuberculose lié à un voyage doit être jugé selon
la durée et les conditions du voyage. La vaccination des jeunes enfants
à risque accru de tuberculose est souhaitable même en l'absence de
garde en collectivité. Si le risque existe déjà, la vaccination
est à réaliser dès les premiers jours de vie. Arrêt
de la vaccination systématique des adultes exposés Pour
les adultes exposés professionnellement et pour ceux exposés à
un risque dans leur environnement familial, il n'y a pas grande protection, ni
individuelle, ni collective, à attendre de la vaccination par le BCG. La
surveillance régulière de la réaction tuberculinique à
visée diagnostique est vraisemblablement plus utile, et elle est gênée
actuellement par l'antécédent de vaccination par le BCG.
Arrêt des contrôles tuberculiniques postvaccinaux
et des revaccinations Dans l'immédiat, la mesure de balance
bénéfices-risques nettement favorable est l'arrêt complet
des contrôles tuberculiniques postvaccinaux et l'arrêt de la revaccination.
C'est également le constat du Conseil supérieur d'hygiène
publique de France. Cette recommandation est suffisamment étayée
pour qu'elle soit appliquée sans attendre les évolutions réglementaires
justifiées. Dépistage chez les personnes
à risques et traitement des patients tuberculeux Un arrêt
plus général de la vaccination par le BCG est envisageable, à
condition de l'accompagner d'un renforcement du dépistage de la tuberculose
chez les personnes à risque et du traitement effectif des patients tuberculeux.
En l'absence de vaccination généralisée, le test intradermique
à la tuberculine devient un outil diagnostique plus intéressant.
© La revue Prescrire 1er mai 2003 Rev
Prescrire 2003 ; 23 (239) ; 352-370. |