Revue Prescrire, article en une, suite, Collectif Europe et médicament Fiche 3
Prescrire     Accueil  
 
Article en Une - Archive
Les fiches du Collectif Europe et Médicament
 
Pourquoi faut-il garantir l'accès à une information rigoureuse sur les risques liés aux médicaments ?
Fiche n°3
29 juillet 2002

L'organisation de la pharmacovigilance en Europe doit être conçue dans la transparence.

Améliorer l'accès à l'information, pour les patients, pour ceux qui les soignent, et pour les citoyens en général, c'est contribuer à une bonne gestion du risque. C'est aussi donner moins de prise aux rumeurs, aux doutes, à la panique injustifiée et aux procès.

C'est dans ce sens que le Collectif Europe et Médicament a rédigé ses amendements au projet de Directive et de Règlement européen.

English

Toutes les fiches

Fiche précédente

Fiche suivante

Collectif Europe et médicament
Cliquez ici
Apprendre au petit déjeuner, en écoutant la radio, qu'un médicament (sans précision) contre le cholestérol (ou contre l'insomnie, ou les rhumatismes…) est retiré du marché, qu'il y a des morts, que les autorités sanitaires sont en alerte, mais n'ont encore rien dit…Voilà qui n'est pas vraiment confortable pour le patient qui prend ce médicament ni pour les professionnels qui l'ont prescrit ou dispensé !
Ces situations de crise créent la confusion, inquiètent les patients, jettent le doute chez les médecins et les pharmaciens. Elles ne permettent à personne de bien comprendre quel est le risque et d'éviter la survenue d'autres crises ; elles sont préjudiciables à tous, depuis les patients victimes des effets du médicament jusqu'à la firme concernée.

Éviter ces crises devrait être un objectif prioritaire. Pourquoi n'y parvient-t-on pas mieux ? Parmi les causes identifiables, on peut noter que :
-l'étude des risques n'est pas une priorité dans la mise au point initiale des médicaments ; la démonstration de l'efficacité est privilégiée, et non l'étude des bénéfices et des risques comparés à ceux des traitements déjà disponibles ;
-la surveillance des risques après commercialisation est essentiellement passive : on attend que des effets indésirables soient signalés, plutôt que de les rechercher activement ;
-l'information sur le risque est conçue par les firmes et par les agences du médicament comme un parapluie en cas de poursuite judiciaire, et pas comme une action pédagogique pour prévenir les risques ;
-une tradition du secret en matière de pharmacovigilance conduit à informer le moins possible professionnels de santé et patients, à ne pas les impliquer activement, au prétexte qu'ils ne sont pas capables ou vont être perturbés ;
-les répercussions boursières de toute information sont prises en compte parfois avant l'intérêt général.

On peut certainement faire mieux :
-en exigeant une étude plus attentive des effets inattendus pendant le développement des médicaments ;
-en organisant une pharmacovigilance active après commercialisation, qui implique patients et soignants comme des interlocuteurs responsables, au besoin à l'aide d'enquêtes prospectives méthodologiquement rigoureuses sur les médicaments encore mal connus ;
-en informant plus et mieux : en donnant aux professionnels de santé l'accès à toutes les informations de pharmacovigilance pour qu'il puissent en parler posément avec leurs patients ; en concevant des notices patients claires, hiérarchisées, qui fassent comprendre quels sont les risques les plus fréquents et les plus graves, et comment les éviter au mieux.