Contrairement
à ce que laisse croire la publicité de certaines firmes
pharmaceutiques, "innovation" ne veut pas toujours dire
progrès thérapeutique, loin s'en faut. Selon le National
institute for health care management par exemple, le classement réalisé
par la Food and Drug Administration (agence du médicament des
Etats-Unis) révèle qu'au mieux 15 % des nouveaux
médicaments sont de réelles innovations. Beaucoup trop
de nouveaux médicaments sont en fait des copies ou quasi-copies
de ce qui existe déjà et ne répondent pas à
un réel besoin des malades.
Pourquoi la véritable innovation thérapeutique est-elle
si rare ?
Dans
le secteur pharmaceutique comme ailleurs, la recherche du profit maximal,
à court terme, et la satisfaction des actionnaires sont devenues,
en une vingtaine d'années, les objectifs prioritaires. Selon
The Economist du 13 juillet 2002 citant l'agence boursière
américaine Lehman Brothers, un nombre important de médicaments
ne sont pas développés, non pas parce qu'ils n'ont pas
d'intérêt thérapeutique, mais parce que leurs
perspectives de ventes annuelles sont inférieures à
1 milliard de dollars, seuil au-delà duquel on parle de
best-seller (blockbuster).
Pour atteindre une croissance "à deux chiffres" (plus
de 10 %) de leurs profits exigée aujourd'hui par les investisseurs,
les firmes pharmaceutiques font tout pour allonger la durée
de protection des données, raccourcir les délais d'enregistrement
(cf fiche n° 1 du 15 juillet, et lever l'interdiction
de la publicité pour les médicaments prescrits (cf fiche
n° 6 ci-jointe). Et lorsqu'une firme met sur le marché
un médicament qui se révèle être un progrès
thérapeutique, en tout cas un succès commercial, de
nombreuses firmes se contentent de trouver un nouveau médicament
de la même famille, pour prendre leur part du marché.
Ces médicaments, les "me-too", n'apportent en général
aucun progrès thérapeutique et viennent gonfler les
85 % de médicaments qui ne sont pas des innovations.
Contrairement
à ce qui semblerait logique, aucune agence du médicament
au monde n'exige d'un nouveau médicament qu'il soit plus efficace
ou plus sûr que ceux qui existent déjà, et cela
en application de politiques visant à développer le
secteur pharmaceutique. Cette politique permet aux firmes de mettre
sur le marché des médicaments nouveaux, sans preuve
de progrès thérapeutique. |