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Les fiches du Collectif Europe et Médicament
 
Pourquoi la véritable innovation thérapeutique est-elle si rare ?
Fiche n°7
19 août 2002

L'innovation thérapeutique doit être plus fortement encouragée et le médicament ne doit pas être abandonné aux seules logiques marchandes.

La réglementation européenne doit imposer que l'innovation soit évaluée en fonction des besoins réels de la population et selon des méthodes comparatives indépendantes et rigoureuses.

C'est pourquoi le Collectif Europe et Médicament a déposé sur ce sujet une série d'amendements aux projets de Directive et de Règlement européen sur le médicament.

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Contrairement à ce que laisse croire la publicité de certaines firmes pharmaceutiques, "innovation" ne veut pas toujours dire progrès thérapeutique, loin s'en faut. Selon le National institute for health care management par exemple, le classement réalisé par la Food and Drug Administration (agence du médicament des Etats-Unis) révèle qu'au mieux 15 % des nouveaux médicaments sont de réelles innovations. Beaucoup trop de nouveaux médicaments sont en fait des copies ou quasi-copies de ce qui existe déjà et ne répondent pas à un réel besoin des malades.
Pourquoi la véritable innovation thérapeutique est-elle si rare ?

Dans le secteur pharmaceutique comme ailleurs, la recherche du profit maximal, à court terme, et la satisfaction des actionnaires sont devenues, en une vingtaine d'années, les objectifs prioritaires. Selon The Economist du 13 juillet 2002 citant l'agence boursière américaine Lehman Brothers, un nombre important de médicaments ne sont pas développés, non pas parce qu'ils n'ont pas d'intérêt thérapeutique, mais parce que leurs perspectives de ventes annuelles sont inférieures à 1 milliard de dollars, seuil au-delà duquel on parle de best-seller (blockbuster).
Pour atteindre une croissance "à deux chiffres" (plus de 10 %) de leurs profits exigée aujourd'hui par les investisseurs, les firmes pharmaceutiques font tout pour allonger la durée de protection des données, raccourcir les délais d'enregistrement (cf fiche n° 1 du 15 juillet, et lever l'interdiction de la publicité pour les médicaments prescrits (cf fiche n° 6 ci-jointe). Et lorsqu'une firme met sur le marché un médicament qui se révèle être un progrès thérapeutique, en tout cas un succès commercial, de nombreuses firmes se contentent de trouver un nouveau médicament de la même famille, pour prendre leur part du marché. Ces médicaments, les "me-too", n'apportent en général aucun progrès thérapeutique et viennent gonfler les 85 % de médicaments qui ne sont pas des innovations.

Contrairement à ce qui semblerait logique, aucune agence du médicament au monde n'exige d'un nouveau médicament qu'il soit plus efficace ou plus sûr que ceux qui existent déjà, et cela en application de politiques visant à développer le secteur pharmaceutique. Cette politique permet aux firmes de mettre sur le marché des médicaments nouveaux, sans preuve de progrès thérapeutique.