Chez les patients
alcoolodépendants, le syndrome de sevrage alcoolique est la traduction
clinique de la dépendance physique à l'alcool, qui s'observe lors
de l'arrêt de la consommation d'alcool, alias "sevrage". Il évolue
en général, spontanément, vers la guérison en une
semaine.
Ce syndrome
de sevrage peut se traduire par des formes sévères (convulsions,
hallucinations, delirium tremens). De ce fait, il est souhaitable de repérer
les patients à risque de ces formes sévères, en vue de mettre
en uvre la prévention de ces complications lors du sevrage alcoolique.
Les
principaux facteurs de survenue d'un syndrome de sevrage alcoolique sévère
sont : une consommation prolongée et importante d'alcool ; des
antécédents de crises convulsives généralisées
ou de delirium tremens ; la nécessité de boire de l'alcool
tôt après le réveil pour calmer des symptômes mineurs
de sevrage.
Les paramètres
les plus fréquemment utilisés pour surveiller l'apparition d'une
forme sévère de syndrome de sevrage sont : l'anxiété,
l'agitation, les tremblements, une sudation excessive, une altération de
la conscience.
Pour la
prévention du syndrome de sevrage, une relation d'écoute et de dialogue
avec le patient s'avère parfois suffisante. Un environnement calme est
conseillé. Le patient doit être en mesure de s'hydrater lui-même
sans entrave.
En l'absence
de facteurs faisant craindre une évolution vers une forme sévère
de syndrome de sevrage, il n'est pas nécessaire de proposer systématiquement
un sédatif, mais une surveillance régulière doit réévaluer
la situation, surtout au cours des 48 premières heures ; l'évolution
habituelle est la guérison en 1 semaine. Sinon, les benzodiazépines
sont les médicaments psychotropes les mieux évalués. Les
neuroleptiques ont l'inconvénient d'augmenter le risque de convulsion.
Lorsqu'une
surveillance régulière est possible, comme à l'hôpital,
le mieux est d'adapter la fréquence des prises aux symptômes de sevrage.
En
cas d'état général altéré ou de malnutrition
probable, une supplémentation en vitamine B1 par voie orale à forte
dose est préférable (au moins 300 mg par jour). La voie intraveineuse
ou intramusculaire est justifiée en cas de malnutrition sévère,
malgré le risque d'accident anaphylactique. En cas d'encéphalopathie
de Gayet-Wernicke, la posologie est portée à 500 mg par jour, le
traitement est urgent.
Pour
les patients à risque faible de forme sévère de syndrome
de sevrage, qui souhaitent un sevrage ambulatoire, ce sevrage est souvent réalisable
avec succès, à condition que la surveillance soit suffisante et
que l'entourage soit coopératif.
En
cas de delirium tremens (hyperactivité sympathique avec fièvre élevée
et tremblements généralisés, hallucinations et confusion)
une hospitalisation est souhaitable.
L'évaluation
de la prise en charge du sevrage alcoolique n'a pas porté sur tous les
types de patients. Pour les patients âgés, les femmes enceintes et
en cas d'insuffisance hépatique ou rénale, pour les malades ayant
des affections somatiques ou psychiatriques "graves", en cas d'autres
dépendances graves associées, le recours à des équipes
spécialisées ayant l'expérience de la situation est souvent
une option prudente pour limiter les risques liés au sevrage ou faciliter
son acceptation.
©La revue Prescrire 1er septembre
2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (275) : 592-601 (55 références). |