Revue Prescrire, article en une, Arrêt cardiorespiratoire des adultes : agir au plus tôt, octobre 2008
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Arrêt cardiorespiratoire des adultes :
agir au plus tôt
   
Chez des adultes victimes d'arrêt cardiorespiratoire, une meilleure survie sans séquelle neurologique en cas de mise en œuvre des gestes de survie avant l'arrivée d'une unité mobile de réanimation.
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Arrêt cardiorespiratoire des adultes :
agir au plus tôt

Rev Prescrire 2008 ; 28 (300) : 769.
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Face à un arrêt cardiorespiratoire chez des adultes, les témoins doivent faire appel à une unité mobile de réanimation et appliquer les gestes de survie (1). Au mieux : libération des voies aériennes, bouche-à-bouche, et massage cardiaque externe (1, 2). Mais, en cas de réticences ou d'impossibilité à réaliser un bouche-à-bouche, ou en cas de non-maîtrise de cette technique, mieux vaut pratiquer un massage cardiaque externe seul que ne rien faire ou tergiverser (a)(2,3).

Qu'en est-il du taux de survie sans séquelle neurologique en cas de "réanimation" initiale sans bouche-à-bouche ? Une étude prospective d'observation de 4 068 adultes, victimes d'arrêt cardiorespiratoire survenu hors de l'hôpital, apporte quelques éléments de réponse (4).

Meilleur taux de survie en cas de "réanimation" initiale. Dans cette étude, aucun geste de survie n'a été entrepris avant l'arrivée d'une unité mobile de réanimation chez 2 917 victimes d'arrêt cardiorespiratoire, tandis que ces gestes ont été mis en œuvre par des témoins chez 1 151 autres victimes d'arrêt cardiorespiratoire : massage cardiaque externe seul dans 439 cas et massage cardiaque externe + bouche-à-bouche dans 712 cas (4).

En cas de "réanimation" initiale par les témoins, la survie sans séquelle neurologique 30 jours après a été statistiquement plus fréquente : 5 %, versus 2 % en l'absence de "réanimation" initiale (p < 0,0001). Il n'y a pas eu de différence statistiquement significative, en termes de taux de survie sans séquelle neurologique à 30 jours, selon la méthode de "réanimation" initiale : 6 % en cas de massage cardiaque externe seul, versus 4 % en cas de massage cardiaque externe + bouche-à-bouche (p = 0,15) (4).

Cette étude d'observation n'a pas un niveau de preuves suffisant pour conclure que le massage cardiaque externe seul est la méthode de "réanimation" initiale de premier choix. Les recommandations émises en 2005 par l'International Liaison Committee on Resuscitation et en 2008 par l'American Heart Association ne sont pas remises en question (b)(2,5,6). Cette étude a cependant le mérite d'étayer l'intérêt d'une mise en œuvre précoce des gestes de survie en cas d'arrêt cardiorespiratoire.

En pratique. Quand on est seul face à un arrêt cardiorespiratoire d'un adulte, on s'épuise rapidement à réaliser un massage cardiaque externe en alternance avec des insufflations (au rythme d'environ 100 compressions thoraciques par minute, en alternant 30 compressions thoraciques et 2 insufflations). Lorsque les conditions font envisager des difficultés à mettre en œuvre au mieux l'enchaînement de ces gestes de survie, s'appliquer à bien exécuter le massage cardiaque externe seul est déjà un choix utile pour les victimes d'arrêt cardiorespiratoire, pourvu qu'il soit entrepris au plus tôt.

©Prescrire 1er octobre 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (300) : 769.

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Notes
a- En 2005, l'International Liaison Committee on Resuscitation a recommandé de faire un massage cardiaque externe isolé en cas de réticence à réaliser un bouche-à-bouche, ou en cas de non-maîtrise des techniques de réanimation élémentaires (réf. 2).
b- En avril 2008, l'American Heart Association a recommandé de pratiquer un massage cardiaque externe en alternance avec des insufflations en cas de maîtrise des gestes de survie, et de pratiquer un massage cardiaque externe seul, dans les autres cas (réf. 6).
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Références
1- Prescrire Rédaction "Arrêt cardio-respiratoire : un algorithme pour tous" Rev Prescrire 2007 ; 27 (280) : 132.
2- International Liaison Committee on Resuscitation "2005 international consensus on cardiopulmonary resuscitation and emergency cardiovascular care science with treatment recommendations" Resuscitation 2005 ; 67 : 181-341.
3- Prescrire Rédaction "Arrêt cardiorespiratoire de l'adulte : quand se passer du bouche-à-bouche ?" Rev Prescrire 2003 ; 23 (244) : 776-777.
4- SOS-KANTO study group "Cardiopulmonary resuscitation by bystanders with chest compression only (SOS-KANTO) : an observational study" Lancet 2007 ; 369 : 920-926.
5- Koster RW et coll. "Chest-compression-only or fully cardiopulmonary resuscitation ?" (lettres) Lancet 2007 ; 369 : 1924.
6- Sayre MR et coll. "Hands-only (compression only) cardiopulmonary resuscitation : a call to action for bystander response to adult who experience out-of-hospital sudden cardiac arrest. A science advisory for the public from the American Heart Association Emergency cardiovascular care committee" Circulation 2008 ; 117 : 2162-2167.