Revue Prescrire, article en une, boulimie septembre 2006
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Boulimie : les traitements symptomatiques
sont peu efficaces
 
Traiter un symptôme n'est pas traiter une maladie.
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Boulimie : les traitements symptomatiques sont peu efficaces
Rev Prescrire 2006 ; 26 (275) : 602-607.
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Fluoxétine (Prozac° et autres)
Boulimie : pas de progrès
Rev Prescrire 2006 ; 26 (275) : 568.
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La boulimie est un trouble du comportement alimentaire, caractérisé par des crises d'ingestion importante et rapide de nourriture, sans faim, avec sentiment de perte de contrôle (alias crises boulimiques), suivis de vomissements provoqués, d'un éventuel usage (excessif) de laxatifs, de diurétiques, ou encore de jeûnes ou d'exercices physiques excessifs.

La boulimie débute en général en fin d'adolescence, et touche surtout les filles. On n'en connaît pas la cause. Elle peut faire partie du tableau de divers troubles psychiques. Son évolution, émaillée de rechutes, est mal connue à long terme. Environ un patient sur cinq se plaint encore de boulimie après 5 ans à 10 ans.

Les complications physiques sont parfois graves, favorisées par la répétition des vomissements ou l'excès de laxatifs, notamment : œsophagite voire rupture œsophagienne ou gastrique, érosions de l'émail dentaire, hypokaliémie.
Les principaux traitements évalués sont la psychothérapie cognitive et comportementale, certains antidépresseurs, voire leur association.

Les synthèses des essais psychothérapie cognitive et comportementale versus absence de traitement sont en faveur de ce type de psychothérapie, mais avec un modeste niveau de preuves, que ce soit en termes de diminution des crises boulimiques ou de diminution de la prise de laxatif.

Globalement, les antidépresseurs semblent avoir une efficacité modeste, sans grande différence entre eux. Selon plusieurs essais versus placebo, la fluoxétine n'a qu'un effet modeste sur les vomissements déclarés par les patients (2 à 4 vomissements en moins par semaine), qui ne persiste pas au-delà de 3 mois de traitement.

L'ajout d'un antidépresseur à une psychothérapie cognitive et comportementale ne semble pas augmenter les bénéfices de manière tangible pour les patients.

En pratique, avant d'envisager un traitement, mieux vaut cerner le retentissement du trouble sur le patient et son entourage ; puis apprécier les attentes du patient ; puis définir avec lui les objectifs d'un traitement éventuel. Les résultats de l'évaluation sont de modeste niveau de preuves ; ils montrent que les traitements spécifiques sont d'efficacité limitée. Quand elle est réalisable, la psychothérapie cognitive et comportementale est le seul traitement symptomatique dont la balance bénéfices-risques semble favorable à long terme.

©La revue Prescrire 15 septembre 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (275) : 602-607 (32 références).