Les nouveaux médicaments
sont aujourd'hui souvent mis sur le marché alors que leur évaluation
clinique est encore à poursuivre. Deux exemples très différents
donnés dans le numéro 280 (février 2007) de la revue Prescrire
le montrent à nouveau. De
multiples questions se posent sur les effets du vaccin papillomavirus 6, 11, 16,
18 (Gardasil°) en termes d'incidence du cancer du col utérin, de durée
de protection, etc. Il faudra des années de recul pour obtenir des réponses
de bon niveau de preuves, même si les données d'évaluation
initiales sont encourageantes. Dans
le cas du trastuzumab (Herceptin°), les données disponibles fin 2006
permettent d'y voir plus clair que lors de la mise sur le marché il y a
5 ans sur ses bénéfices potentiels, y compris en adjuvant dans les
cancers du sein, et sur sa toxicité cardiaque. Alors
que l'intérêt de l'évaluation méthodique des médicaments
après l'octroi d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) précoce
se confirme, on constate que cette évaluation est loin d'être toujours
sérieusement menée. Aux
États-Unis d'Amérique, la Food and Drug Administration publie chaque
année un rapport sur la tenue ou non, par les firmes pharmaceutiques, de
leurs engagements pris lors de l'octroi d'une AMM, en termes d'évaluation
clinique complémentaire. Les résultats ont de quoi inquiéter
: plus de la moitié des essais ne sont pas terminés, voire même
pas commencés. Et quand des comptes rendus d'étape sont disponibles,
environ un tiers d'entre eux restent incomplets. En
France, et d'une façon générale en Europe, on n'a pas encore
autant de visibilité qu'aux États-Unis sur la tenue de ces engagements
post-AMM. Il faut assurément demander avec persévérance plus
de visibilité, et amener firmes, agences, et organismes publics à
uvrer pour une évaluation rigoureuse et prolongée des nouveaux
médicaments : question de santé publique, au plein sens du terme. ©La
revue Prescrire 15 février 2007 Rev Prescrire 2007 ; 27 (280) :
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