Revue Prescrire, article en une, préhypertension artérielle décembre 2006
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"Préhypertension" artérielle
Un concept utile aux marchands, pas aux patients
 
La baisse artificielle des seuils de "normalité", sans preuve d'un bénéfice clinique apporté par une intervention, accroît le nombre de personnes exposées aux effets indésirables des interventions, notamment médicamenteuses, et de "l'étiquetage" comme "malade" ou "à risque".
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"Préhypertension" artérielle
Un concept utile aux marchands, pas aux patients

Rev Prescrire 2006 ; 26 (278) : 842-844.
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L'élévation de la pression artérielle est un facteur de risque cardiovasculaire indépendant et progressif. Le risque croît à partir du seuil de 115/75 mm Hg, sans seuil discriminant nettement les personnes à risque cardiovasculaire accru de celles qui ont un risque nettement moindre.

La "définition" de l'hypertension artérielle varie en fonction des critères retenus pour fixer les seuils de pression artérielle "normale" ; critères fondés sur des observations épidémiologiques, ou critères fondés sur les résultats d'interventions thérapeutiques.

Le seul essai mené chez des patients ayant une pression artérielle systolique comprise entre 130 mm Hg et 139 mm Hg, nommée par certains "préhypertension", n'a pas été conçu pour déterminer ni les bénéfices cliniques ni les effets indésirables du traitement, en l'occurence le candésartan. Deux ans après arrêt de cet antihypertenseur, il n'y a pas eu de différence statistiquement significative de la proportion de patients justifiant un traitement antihypertenseur (seuil 160/100 mm Hg).

Dans le domaine de l'hypertension artérielle, mieux vaut garder les idées claires, et en rester aux seuils d'hypertension artérielle utiles aux patients. La baisse artificielle des seuils de "normalité" de la pression artérielle, sans preuve d'un bénéfice clinique apporté par une intervention, accroît le nombre de personnes étiquetées "malades" ou "à risque", pour des bénéfices qui semblent surtout commerciaux. Cette attitude est susceptible d'exposer un grand nombre de personnes bien portantes aux effets indésirables de l'"étiquetage" comme "malade" ou "à risque", et aux effets indésirables des interventions, notamment médicamenteuses.

Jusqu'à preuve du contraire, les seuils de pression artérielle pour lesquels une intervention médicamenteuse a une balance bénéfices-risques favorable sont de 160/95 mm Hg chez les patients sans diabète ni complication, et de 140/80 mm Hg chez les patients diabétiques ou ayant eu un accident vasculaire cérébral ; le bénéfice prévisible est alors une réduction d'environ 2 à 10 accidents cardiovasculaires pour 1 000 patients traités pendant 2 ans à 6 ans.

©La revue Prescrire 1er décembre 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (278) : 842-844 (17 références).