L'élévation
de la pression artérielle est un facteur de risque cardiovasculaire indépendant
et progressif. Le risque croît à partir du seuil de 115/75 mm Hg,
sans seuil discriminant nettement les personnes à risque cardiovasculaire
accru de celles qui ont un risque nettement moindre. La
"définition" de l'hypertension artérielle varie en fonction
des critères retenus pour fixer les seuils de pression artérielle
"normale" ; critères fondés sur des observations épidémiologiques,
ou critères fondés sur les résultats d'interventions thérapeutiques. Le
seul essai mené chez des patients ayant une pression artérielle
systolique comprise entre 130 mm Hg et 139 mm Hg, nommée
par certains "préhypertension", n'a pas été conçu
pour déterminer ni les bénéfices cliniques ni les effets
indésirables du traitement, en l'occurence le candésartan. Deux
ans après arrêt de cet antihypertenseur, il n'y a pas eu de différence
statistiquement significative de la proportion de patients justifiant un traitement
antihypertenseur (seuil 160/100 mm Hg). Dans
le domaine de l'hypertension artérielle, mieux vaut garder les idées
claires, et en rester aux seuils d'hypertension artérielle utiles aux patients.
La baisse artificielle des seuils de "normalité" de la pression
artérielle, sans preuve d'un bénéfice clinique apporté
par une intervention, accroît le nombre de personnes étiquetées
"malades" ou "à risque", pour des bénéfices
qui semblent surtout commerciaux. Cette attitude est susceptible d'exposer un
grand nombre de personnes bien portantes aux effets indésirables de l'"étiquetage"
comme "malade" ou "à risque", et aux effets indésirables
des interventions, notamment médicamenteuses. Jusqu'à
preuve du contraire, les seuils de pression artérielle pour lesquels une
intervention médicamenteuse a une balance bénéfices-risques
favorable sont de 160/95 mm Hg chez les patients sans diabète
ni complication, et de 140/80 mm Hg chez les patients diabétiques
ou ayant eu un accident vasculaire cérébral ; le bénéfice
prévisible est alors une réduction d'environ 2 à 10 accidents
cardiovasculaires pour 1 000 patients traités pendant 2 ans à 6
ans. ©La revue Prescrire 1er décembre 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (278) : 842-844 (17 références). |