Revue Prescrire, article en une, vaccin hépatite B, septembre 2004
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Hépatite B :
en pratique, continuer à vacciner les groupes à risques
 
La vaccination des groupes à risque élevé d'hépatite B a une balance bénéfices-risques nettement favorable. Il existe des arguments en faveur d'une vaccination de masse des nourrissons et des adolescents, mais les mesures d'encadrement mises en place en France sont encore insuffisantes pour une action de santé publique de cette ampleur.
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Les effets indésirables généraux des vaccins de l'hépatite B sont rares

Rev Prescrire 2004 ; 24 (253) : 590-600 (75 références).
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Vaccinations et sclérose en plaques : pas de risque démontré
Rev Prescrire 2004 ; 24 (253) : 594-595 (28 références).
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Hépatite B : en pratique, continuer à vacciner les groupes à risques
Rev Prescrire 2004 ; 24 (253) : 598-599 (19 références).
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La vaccination de masse contre l'hépatite B en France, lancée dans les années 1990 a été très controversée. La revue Prescrire y a consacré une série de synthèses en 1999 et a suivi l'évolution des données depuis. Dans le numéro 253 de septembre 2004, est présentée une synthèse méthodique, mise à jour, des connaissances des effets indésirables généraux des vaccins de l'hépatite B.

L'infection par le virus de l'hépatite B (HBV) est une infection contagieuse qui se transmet principalement par voies sexuelle, sanguine, périnatale et dans l'entourage très proche. C'est une infection potentiellement grave dans certains cas, à court terme (hépatite fulminante) et à long terme (cirrhose et cancer du foie). On ne dispose pas, en 2004, de traitement curatif d'efficacité démontrée à un stade précoce de l'infection.

Dans les pays de faible endémicité, tels que la France, l'hépatite touche surtout les adultes âgés de 20 ans à 40 ans. Le risque de portage chronique du virus est alors inférieur à 10 %.
Dans les pays de forte endémicité (Afrique subsaharienne, Asie, région Pacifique), jusqu'à 20 % de la population est porteuse chronique du virus de l'hépatite B.

En France, on dispose de peu de données épidémiologiques récentes. Aucune donnée précise de prévalence n'a été rendue publique à l'occasion d'une conférence de consensus française sur la vaccination contre l'hépatite B qui a eu lieu en septembre 2003 : la prévalence du portage du HBV a été estimée entre 0,2 % et 0,5 %. Quelques données sont en faveur d'une baisse de l'incidence au cours des années 1990 en France

Les groupes à risque identifiés restent inchangés depuis les années 1990 : les enfants nés de mère porteuse du HBV ; les professionnels exposés aux liquides biologiques humains ; les personnes exposées aux maladies sexuellement transmissibles ; les usagers de drogues intraveineuses ; les patients susceptibles de recevoir fréquemment des produits dérivés du sang ; les handicapés mentaux et le personnel spécialisé qui s'en occupe ; les personnes incarcérées ; certains voyageurs en zone de forte endémicité, selon la durée, les conditions de voyage, le type d'activité et les risques iatrogènes ; l'entourage très proche d'une personne porteuse du virus ; les enfants originaires des pays d'endémicité élevée.
Le risque pour les enfants dont un camarade de classe ou de crèche est porteur du virus fait toujours l'objet de données contradictoires. Par ailleurs, on ne peut exclure formellement un risque de transmission lié aux sports collectifs.
D'autres pratiques ont été impliquées dans la transmission de l'hépatite B, évitable par le respect de règles d'hygiène strictes mais simples, notamment les tatouages et piercings, et l'acupuncture.
La transmission du HBV par un soignant infecté à un patient est bien documentée, surtout pour les soignants effectuant des gestes invasifs.

Dans des pays d'endémicité élevée de l'hépatite B, des programmes de vaccination de masse des nourrissons et des adolescents ont été associés à une diminution de l'incidence de l'hépatite B, du risque de cancer du foie et d'hépatite fulminante aiguë chez les enfants.

Lorsque la vaccination initiale contre l'hépatite B est suivie par un taux d'anticorps antiHBs supérieur à 10 mUI/ml, la protection clinique semble se prolonger au moins une dizaine d'années chez les enfants.

En pratique, les conclusions de 1999 de la revue Prescrire restent d'actualité. La balance bénéfices-risques de la vaccination contre l'hépatite B est favorable chez les sujets exposés.

À l'échelon individuel, il est justifié de proposer une vaccination à toute personne non immunisée qui présente un risque identifié d'exposition au virus de l'hépatite B, quel que soit son âge. Il en est de même pour l'entourage proche de ces personnes.

À l'échelon collectif, en France, le maintien de la recommandation d'une vaccination systématique des nourrissons et des préadolescents ne manque pas d'arguments, notamment parce qu'il est illusoire d'espérer identifier la totalité des personnes dont la situation expose à un risque élevé d'hépatite B. Ces stratégies se sont révélées efficaces dans des pays d'endémicité moyenne à élevée. Pour autant, les garanties devant accompagner une stratégie de vaccination de masse, que nous réclamions déjà en 1999, ne sont toujours pas réunies : une pharmacovigilance active, transparente et spécifique, réactive et à l'échelle de l'ampleur du programme, un suivi épidémiologique de l'infection par le HBV et de la couverture vaccinale, une information de la population régulière, adaptée et indépendante des firmes qui commercialisent les vaccins.

©La revue Prescrire 15 septembre 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (253) : 598-599 (19 références).