Comme toute intervention médicale, le dépistage
des cancers du sein comporte des effets indésirables. Ces effets indésirables
sont à peser dans la balance bénéfices-risques des mammographies
de dépistage des cancers du sein, que ce soit au niveau collectif ou au
niveau individuel, et lorsqu'il s'agit de donner des explications aux femmes pour
leur permettre de prendre les décisions personnalisées les plus
pertinentes. |
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Pour en savoir
plus | |
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Les effets indésirables des mammographies
de dépistage des cancers du sein Rev Prescrire 2006 ; 26
(271) : 269-275. Réservé aux abonnés Cliquez
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Dépister les cancers du sein sans mammographie
? Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 286-289. Réservé
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Pièges et difficultés de l'évaluation
des dépistages des cancers : l'exemple des cancers du sein
Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 304-310. Réservé aux
abonnés Cliquez
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Le dépistage mammographique des cancers
du sein en France Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) : 214-217 Réservé
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La mammographie elle-même
provoque souvent un inconfort, voire une douleur passagère et modérée.
La détection
d'une anomalie a des conséquences psychologiques (anxiété,
voire réaction dépressive), souvent passagères, mais parfois
prolongées.
L'irradiation
répétée des seins provoque un petit nombre de cancers, dont
le taux a été estimé de manière très indirecte,
avec un faible niveau de preuves et d'importantes variations. Pour un dépistage
débuté à partir de l'âge de 40 ans, il a été
estimé qu'environ 7 à 31 participantes sur 100 000 décèderaient
d'un cancer radio-induit.
Dans
certains essais, la mortalité (totale ou par cancers du sein) a paru plus
élevée, au cours des premières années, particulièrement
chez les femmes âgées de moins de 50 ans. Les décès
ont été peu nombreux, et les différences observées
n'ont pas été statistiquement significatives. Si le dépistage
entraîne une surmortalité initiale par cancers du sein, cette surmortalité
touche très peu de femmes.
Comme
tous les tests diagnostiques, les mammographies de dépistage des cancers
du sein entraînent des faux positifs, qui conduisent à des examens
complémentaires (notamment biopsies à l'aiguille ou chirurgicales),
eux-mêmes pourvoyeurs d'autres effets indésirables. Les taux de faux
positifs sont variables d'un radiologue à l'autre, d'un pays à l'autre,
et en France d'un département à l'autre. Selon une étude
rétrospective étatsunienne, après 4 mammographies et 5 examens
cliniques de dépistage, 24 % des 2 400 femmes dépistées
ont eu une anomalie détectée à tort à la mammographie.
Certains cancers du
sein n'ont pas de conséquence clinique, la patiente décédant
avant toute manifestation de son cancer du sein. Le dépistage de ces cancers
aboutit à un diagnostic par excès. Les diagnostics par excès
des mammographies de dépistage concernent vraisemblablement 30 % à
50 % des diagnostics de cancer du sein, surtout des cancers canalaires in
situ et certains cancers invasifs. Ils sont à l'origine de traitements
inutiles (chirurgicaux, radiothérapiques, médicamenteux), effets
indésirables du dépistage.
Jadis,
2 % à 5 % des cancers du sein diagnostiqués étaient
des cancers in situ. Or, environ 20 % des cancers détectés
par dépistage par mammographies sont des cancers in situ. Il a été
estimé que 20 % à 50 % des cancers canalaires in situ
détectés par le dépistage sont des diagnostics par excès,
car il n'est pas démontré qu'un traitement précoce des cancers
canalaires in situ diminue la morbidité ou la mortalité par cancer
du sein.
Dans certains
programmes, une augmentation importante des taux de mastectomies a été
observée : allant de 17 % à 84 %. Cette forte augmentation
du nombre de mastectomies est vraisemblablement liée en partie à
des diagnostics par excès.
L'ensemble
de ces effets indésirables des mammographies de dépistage des cancers
du sein pèsent dans la balance bénéfices-risques de ce dépistage,
que les participantes méritent de connaître. ©La
revue Prescrire 1er avril 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) :
269-275 (80 références). |