La réalisation
d'essais cliniques rigoureux évaluant des substances anciennes dans de
nouvelles indications conduit parfois à de bonnes surprises. Ainsi, il
est aujourd'hui bien démontré que la spironolactone, substance apparue
dans les années 1960, réduit la mortalité dans certains cas
d'insuffisance cardiaque, sous réserve de précautions précises
(lire n° 214 page 126-139).
De
même, l'essai ALLHAT-HTA a précisé en 2002 le rôle majeur
d'un diurétique thiazidique datant des années 1960, la chlortalidone,
en première ligne dans le traitement de l'hypertension artérielle
(lire n° 253 pages 601-611).
De
tels médicaments, anciens mais d'efficacité solidement étayée,
et au profil d'effets indésirables bien connu, conservent toute leur place
dans la panoplie thérapeutique. On aimerait que cette place soit prise
en compte, que ces médicaments ne disparaissent pas du marché car
jugés non rentables, et qu'ils soient donc payés à un prix
suffisant. Trop souvent, ce n'est pas le cas : ainsi, la chlortalidone a d'ores
et déjà disparu du marché français.
Mais
tout vieux médicament remis au goût du jour n'est pas forcément
bienvenu. Ainsi, le strontium apparu dans le champ de l'ostéoporose dans
les années 1950, puis abandonné, est de retour avec des habits neufs
: un sel de l'acide ranilique et un nom évocateur, Protelos°. En dépit
des milliers de patientes incluses dans les essais, il n'est nullement démontré
que le ranélate de strontium soit un progrès par rapport aux diphosphonates.
Ses risques sont encore mal connus et mal quantifiés. Son prix n'est pas
encore fixé, mais on peut craindre qu'il soit élevé étant
donné la longue préparation médiatique de cette commercialisation.
Du
neuf avec du vieux, pourquoi pas ? Mais seulement s'il y a un progrès thérapeutique
tangible pour les patients.
©La revue Prescrire
1er août 2005 Rev Prescrire 2005 ; 25
(263) : 484. |