L'"éducation"
intéressée des consommateurs par les firmes pharmaceutiques les
plus influentes devient presque banale. Et le médicament est présenté
comme LA solution à tous les "maux" individuels ou collectifs.
Pourtant
la place du médicament dans le traitement ou la prévention de nombreuses
maladies est souvent très limitée.
Ainsi,
l'application d'une crème à l'imiquimod (Aldara°) sur un petit
carcinome basocellulaire superficiel est moins efficace et entraîne plus
d'effets indésirables que des traitements bien évalués tels
que la chirurgie d'exérèse.
Dans
la prévention cardiovasculaire secondaire, au-delà des quelques
médicaments bien évalués avec succès, l'ajout de capsules
d'esters éthyliques d'acides omega-3 (Omacor°) n'apporte aucun avantage
tangible démontré. Mieux vaut adopter un régime méditerranéen.
Il
en est de même pour de nombreux symptômes gênants mais bénins.
Le déremboursement progressif des veinotoniques contribuera peut-être
à rappeler l'intérêt de la contention élastique pour
soulager les symptômes de l'insuffisance veineuse. La connaissance des risques
liés aux terpènes limitera peut-être le recours aux pulvérisations
d'huile essentielle de menthe poivrée pour attendre la guérison
d'un simple rhume, etc.
Il
faudra assurément beaucoup de temps et d'informations indépendantes
répétées pour que le médicament retrouve sa juste
place parmi les choix thérapeutiques qui s'offrent aux patients.
©La
revue Prescrire 15 mars 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) : 166. |