Les isoflavones
contenues dans le soja ont des propriétés estrogéniques
(d'où le nom de phytoestrogènes), mais le bénéfice
thérapeutique que l'on peut attendre de leur consommation
systématique et régulière n'est pas établi
par des études de bonne qualité. D'un autre côté,
aucun risque particulier n'a été signalé en
lien avec la consommation alimentaire de soja et de ses dérivés.
Les risques d'une
utilisation de doses massives, largement supérieure aux doses
de consommation alimentaire, en particulier en cas d'usage au long
cours, n'ont pas été suffisamment évalués
par des études appropriées pour exclure des risques
liés aux effets estrogéniques.
Dans l'état
actuel du dossier, le seul effet mis en évidence, bien que
non démontré, est une diminution modeste de la fréquence
des bouffées de chaleur, qui évoluent déjà
favorablement sous placebo et de toute façon avec le temps.
Chez les femmes
gênées par les bouffées de chaleur, et ne désirant
pas (ou ne devant pas prendre) un traitement hormonal substitutif,
un recours de courte durée à ces phytoestrogènes
(40 mg à 80 mg par jour d'isoflavones de soja) peut être
envisagé. Toutefois, ces patientes doivent être informées
objectivement au préalable de la modestie des effets bénéfiques
prévisibles, et de la méconnaissance des risques (probablement
faibles si l'utilisation n'est pas prolongée) et de la qualité
des produits commercialisés.
Chez les femmes
ayant été traitées pour un cancer du sein,
aucune donnée solide ne permet d'étayer le conseil.
La sécurité
du consommateur devant être garantie, il est regrettable que
les extraits à forte teneur en phytoestrogènes ne
bénéficient pas d'un cadre légal, tel que le
statut de médicament, qui contraindrait les firmes qui les
commercialisent à apporter des preuves tangibles de leur
activité et de leur innocuité, dans un contexte qui
n'a plus rien à voir avec des pratiques alimentaires auxquelles
leurs promoteurs se réfèrent parfois.
© La revue Prescrire 1er septembre 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (242) : 603-609.
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