La Haute autorité de santé française envisage
d'accepter l'offre des firmes pharmaceutiques de diffuser des recommandations
officielles de la HAS au cours des visites effectuées auprès des
médecins par leurs représentants commerciaux. Consternant : quelles
raisons poussent un organisme qui proclame depuis son installation son souci de
transparence, dindépendance et de rigueur, à brader par avance
toute autorité et tout crédit auprès des professionnels et
des patients, en tout cas ceux qui ont le plus le souci de l'indépendance
et de la qualité de l'information et de la formation médicale ?
Ce n'est pas de cette manière que les référentiels vont
passer dans la pratique.
Faire pression sur la HAS
pour retirer ce projet inique La politique de santé dépend
avant tout de la pression vigilante et constante des professionnels et des citoyens.
Les premiers à réagir publiquement, le Formindep, collectif "pour
une formation médicale indépendante au service des seuls professionnels
de santé et des patients", et un groupe de médecins généralistes
enseignants de Lyon, ont écrit à l'HAS leur désaccord et
leur indignation. Tous les professionnels soucieux de qualité des soins
et d'indépendance ont intérêt à manifester également
leur opposition. Une lettre-pétition figure sur le site du Formindep. Pour
en savoir plus : formindep
Pour télécharger la lettre - pétition et l'envoyer à
la HAS : lettre
Visite
médicale : non merci ! Ce n'est pas la première fois que
la revue Prescrire aborde la question de la visite médicale. Les mots d'ordre
"Une année sans VM", "Adieu à la visite médicale",
et les bilans réguliers du Réseau d'observation de la visite médicale,
constitué d'abonnés de la revue Prescrire, ont déclenché
des débats et des prises de positions. Non merci aux sources d'informations
biaisées, aux cadeaux empoisonnés, à toutes les "facilités"
et "bienveillances". Qu'il s'agisse d'exercice professionnel ou de toute
autre chose, nous préférons nous autofinancer, et rester définitivement
libres de nos choix et de nos actions.
Au fil des années, de plus
en plus de lecteurs écrivent à la revue Prescrire pour dire qu'ils
ne veulent plus perdre leur temps et être pris pour des "imbéciles",
qu'ils cessent de recevoir les visiteurs médicaux depuis des mois ou des
années, et qu'ils s'en portent très bien. Pour en savoir plus
: Visite médicale : non
merci !
Documents remis au cours de la visite
médicale : quasiment rien de fiable Selon la "Charte de
la visite médicale" signée fin 2004 par le Comité économique
des produits de santé et les représentants de l'industrie pharmaceutique,
le visiteur médical doit obligatoirement remettre au médecin l'avis
de la Commission de la transparence relatif au médicament présenté.
Il s'agit en fait d'une obligation légale déjà ancienne :
article R.5122-11 du Code de la santé publique. En pratique, en 2004,
lors des visites observées par le Réseau d'observation de la visite
médicale, constitué d'abonnés de la revue Prescrire, l'avis
de la Commission de la transparence n'a été remis que dans 5 % des
cas : édifiant.
Toujours selon la "Charte de la visite médicale"
: "le délégué médical n'a pas à proposer
au médecin de cadeaux en nature ou en espèces, ni à répondre
à d'éventuelles sollicitations dans ce domaine émanant du
professionnel de santé. Cette interdiction vise également les cadeaux
ne faisant pas l'objet d'une convention : don de petits matériels et mobilier
de bureau, remise de bons d'achat divers (chèque voyage, chèque
cadeau, etc.)".
Là encore, il faudra des changements radicaux
si les firmes pharmaceutiques veulent se mettre en conformité avec la Charte
: toutes sortes de cadeaux ont été proposés aux observateurs
du Réseau en 2004. Cela va du petit matériel de bureau au dîner
en ville avec le "spécialiste", en passant par les "études
post AMM", qui servent surtout à soutenir les ventes (lire par exemple
revue Prescrire n° 254 - p. 660 ; n° 255 - p. 747 ; n° 256 - p. 824).
Et les choses n'ont pas l'air de changer beaucoup en 2005, si on en juge par exemple
par les formations dominicales proposées sur l'ézétimibe
(Ezetrol° - MSD Chibret). Pour en savoir plus : 2004
: la visite médicale trompe toujours énormément ©La
revue Prescrire 1er juillet 2005 |