La palipéridone
(Invega°), principal métabolite actif et pur avatar commercial de la
rispéridone, un neuroleptique parmi d'autres, est autorisée sur
le marché européen pour les malades souffrant de schizophrénie.
Au vu d'une évaluation à base de comparaisons versus placebo ! Pas
de comparaison aux médicaments de référence, pas même
à la rispéridone (Risperdal°). On sait pourtant depuis plus
de 50 ans que les neuroleptiques peuvent apaiser ces malades. Les
agences gouvernementales acquiescent. Elles obéissent à une réglementation
négligeant la recherche de progrès. La firme se contente du minimum
requis, pour accéder au plus vite au marché rémunérateur,
sans surprise. Surtout,
des médecins ont délibérément enrôlé
des malades en souffrance aiguë dans des essais versus placebo en toute connaissance
de cause : uniquement pour satisfaire à ces essais, une partie des malades
qu'ils prenaient en charge devaient être privés du meilleur traitement.
Sans espoir que ces essais apportent de connaissances utiles pour mieux soulager
les malades schizophrènes. Dans
le cas de l'étoricoxib aussi (Arcoxia°), des patients ont été
privés du meilleur traitement, uniquement pour satisfaire à des
essais dénués de chance sérieuse de montrer un progrès
notable. Esprit mercantile
? Peut-être. Anesthésie des consciences ? Certainement. Si des soignants
en sont au point de se dispenser de soulager sans délai une souffrance
telle que la schizophrénie, et de tremper dans de telles expérimentations,
il y a urgence. Urgence
à mobiliser les agences de régulation sur leur mission de santé
publique au-delà du minimum réglementaire. Et surtout urgence absolue
à réaffirmer la mission des soignants auprès des malades.
En refusant le placebo quand il y a mieux ; aussi bien qu'en refusant la médicamentation
marchande de l'existence, qui conduit, entre autres, à cette "recherche"
à moindres frais pour les firmes. ©La
revue Prescrire 1er septembre 2007 Rev Prescrire 2007 ; 27 (287) : 677-682. |