Certaines femmes ayant une mutation délétère sur les gènes BRCA1 ou BRCA2 ont un risque accru de cancer du sein qui peut atteindre 40 % à 85 % selon les séries. Une mastectomie bilatérale préventive diminue fortement ce risque, avec probablement un effet sur la mortalité. Chez ces femmes, voire chez des femmes à risque moins élevé de cancer du sein, que peut apporter une prévention médicamenteuse ? Pour répondre à cette question, nous avons réalisé une synthèse de l'évaluation disponible utilisant la méthode habituelle de Prescrire.

Le tamoxifène, un antiestrogène, a été évalué dans quatre essais versus placebo, sur plusieurs milliers de femmes. Selon une méta-analyse de ces essais, un traitement de 5 ans à raison de 20 mg par jour de tamoxifène permet d'éviter environ 10 cancers invasifs du sein avec récepteurs aux estrogènes, pour 1 000 femmes traitées. Mais le tamoxifène augmente le risque de cancer de l'endomètre (environ 7 cas en plus pour 1 000 femmes) et celui d'embolie pulmonaire (environ 4 cas en plus pour 1 000 femmes). Au total, un gain en termes de mortalité n'est pas démontré.

Le tamoxifène et le raloxifène, un autre antiestrogène, ont été comparés dans un essai chez près de 20 000 femmes. Les deux traitements semblent voisins en termes de balance bénéfices-risques.

En pratique, chez des femmes à risque modérément élevé de cancer du sein, une prévention médicamenteuse n'a pas une balance bénéfices-risques nettement favorable, étant donné les nombreux effets indésirables graves. Chez les femmes à risque très élevé, un traitement préventif par tamoxifène reste à mieux évaluer.

©Prescrire 15 décembre 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (302) : 921-923.