Prévenir les ulcères cutanés
dus à la pression
chez les patients à domicile |
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La prévention des ulcères cutanés
dus à la pression concerne tous les patients à mobilité
très réduite, et en particulier les patients alités
ou assis, immobiles pendant de longues périodes. Une attention
particulière doit être portée aux patients ayant
des troubles de la sensibilité, notamment ceux atteints de
lésions médullaires. |
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Pour
en savoir plus |
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Prévenir les ulcères cutanés dus à
la pression chez le patient à domicile
Rev Prescr 2003 ; 23 (240) : 438-445.
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Annexe : 3 échelles d'évaluation
du risque d'ulcères cutanés dus à la pression
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Handicap : améliorer la qualité
de vie par les aides techniques
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Surveiller
La surveillance comprend l'inspection au moins quotidienne de la peau,
particulièrement des zones les plus exposées à
la pression, notamment : le sacrum, les ischions, les trochanters,
les jambes et les talons.
L'utilisation d'une échelle de mesure du risque (comme les
échelles de Braden, de Norton ou de Waterlow) peut être
utile, en jouant un rôle d'aide-mémoire, en permettant
la communication entre les soignants et en permettant les comparaisons
dans le temps.
Changer souvent de position
Les mesures préventives les plus importantes consistent à
multiplier les changements de position. La mise au fauteuil, voire
la verticalisation et la reprise de la marche, participent, lorsque
c'est possible, aux changements de positions.
Chez les patients immobiles, l'objectif est un changement de position
au minimum toutes les 2 heures à 3 heures, à moduler
en fonction du risque, mais aussi des douleurs éventuelles
et des souhaits du patient.
Lors de la mobilisation du patient, les phénomènes défavorables
de cisaillement de la peau et de frottement sont évités
par une bonne technique, l'utilisation de matériel adéquat
ou, tant que possible, l'intervention de deux personnes. À
chaque changement de position, les patients qui le peuvent ont intérêt
à participer au mouvement.
Des changements de position et, si possible, des exercices réguliers
de soulèvement avec les bras sont à recommander.
Les positions les plus recommandables sont le décubitus dorsal
et les décubitus latéraux obliques à 30°.
La position buste relevé, qui réduit la pression ischiatique,
doit comporter la surélévation des membres inférieurs
pour éviter un glissement du patient. Le décubitus latéral
à 90° n'est pas recommandé.
Choisir le matériel
Des coussins, des pièces de mousse, des traversins, etc. sont
parfois utiles au maintien de la position du patient. Les coussins
en forme de bouée et les gants remplis d'eau sont plus néfastes
qu'utiles. Les peaux de mouton, naturelles ou synthétiques,
n'ont pas d'efficacité prouvée comme dispositifs d'aide
à la prévention des ulcères.
Des oreillers glissés sous les mollets, en surveillant les
nouveaux appuis (mollet et en regard du tendon d'Achille) sont un
moyen efficace de mise en décharge des talons.
Des matelas ou des surmatelas en mousse, avec découpe de type
gaufrier, ou des dispositifs à air statiques (si le lit est
sans barrière) sont une aide à la prévention
des ulcères. Les matelas et surmatelas à eau sont une
alternative, parfois moins bien acceptée (sensation de froid
ou de "mal de mer").
Chez les patients confinés au fauteuil, il est important de
choisir un siège adapté : ni trop haut, ni trop large,
ni trop étroit. Les pieds doivent reposer à plat.
Au fauteuil, des coussins sont parfois utiles au maintien du patient.
Il est possible de les découper pour les adapter aux besoins.
Les caractéristiques de la mousse de polyurétane se
modifient avec le temps, ce qui impose de remplacer régulièrement
les coussins de ce type.
Prendre soin de la peau sans la masser
La peau doit être maintenue propre et sèche, sans nuire
au confort du patient. En cas d'incontinence urinaire ou fécale,
il est important de nettoyer la peau dès qu'elle est souillée,
à l'aide de savons peu agressifs et d'eau tiède.
Les massages sont contre-indiqués, de même que l'utilisation
de glaçons ou d'un séchoir à cheveux. Seuls des
effleurement non traumatisants sont éventuellement autorisés
(mais d'utilité non démontrée). Aucun topique
quel qu'il soit n'a d'utilité démontrée en prévention
des ulcères cutanés dus à la pression, et notamment
pas les acides gras ou autres produits huileux, les colorants et les
topiques contenant de l'alcool. Nous n'avons trouvé aucune
donnée comparative sur l'efficacité préventive
éventuelle de tel ou tel type de pansement sur des zones saines
à risque d'ulcère cutané dû à la
pression.
Intervention diététique ?
La malnutrition est un facteur de risque d'ulcère cutané
dû à la pression, mais on ne dispose pas de preuve qu'une
supplémentation calorique, protéique ou autre diminue
le risque d'ulcère cutané dû à la pression.
Dans tous les cas, il est important de tenir compte de la situation
particulière du patient, de son espérance de vie, de
ses souhaits exprimés et de ses objectifs, explicites ou non.
Définir des objectifs communs
Le patient et son entourage proche ont intérêt à
participer, notamment à la surveillance et aux changements
de position. Les soignants doivent les informer et les encourager.
Un document explicatif adapté peut servir d'aide au dialogue,
et d'aide-mémoire.
La réalisation effective d'un programme de prévention
personnalisé, repose sur la prise en compte des risques particuliers
et de l'exécution d'une série de petites tâches.
Un plan de soins explicite, écrit, et un cahier de liaison
rempli par tous les intervenants facilite l'organisation de cette
prévention.
©La revue Prescrire 1er juin 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (240) : 438-445.
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