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Mediator° : des atteintes de valves cardiaques non reconnues

Autour du Procès Mediator°Très peu de cardiologues ont fait le lien entre des valvulopathies qu'ils observaient et Mediator° (benfluorex), avant son retrait du marché. Comment se fait-il que ce lien soit resté méconnu de la plupart des cardiologues pendant des dizaines d’années ?

L'exposition au benfluorex (Mediator°), commercialisé en France de 1976 à fin 2009, a causé des centaines de morts, notamment par atteinte des valves cardiaques. Avant son retrait du marché français, très peu de valvulopathies liées à Mediator° ont été notifiées auprès du système de pharmacovigilance. De nombreuses valvulopathies que l'on sait aujourd'hui liées à Mediator° avaient pourtant été décelées avant fin 2009. Mais de nombreux cardiologues les ont imputées à d'autres causes, notamment "rhumatismales", c'est-à-dire liées à un rhumatisme articulaire aigu dû au streptocoque A. Pourtant, ce rhumatisme était très rare en France depuis longtemps.

Les causes de cette confusion sont diverses. Les effets sur les valves cardiaques de la prise de Mediator° ont été tardivement communiqués aux soignants par la firme Servier et l'Agence française du médicament. Pendant des décennies, les valvulopathies médicamenteuses n'ont pas été spécifiquement décrites dans les manuels de cardiologie. Les valvulopathies liées à la prise d'anorexigènes amphétaminiques proches de Mediator° avaient fait l'objet de publications dans la presse scientifique à partir de la fin des années 1990. Mais un grand nombre de cardiologues interrogés dans le cadre d'une thèse ont déclaré s'être informés et formés souvent auprès des firmes pharmaceutiques.

La non-reconnaissance du lien entre valvulopathie et Mediator° a eu pour conséquences la très faible notification des dégâts, la lenteur de réaction des organismes de pharmacovigilance, et une durée d'exposition prolongée des patients à ce médicament. Face à un trouble de santé, particulièrement sans cause connue, les patients et les soignants ont intérêt à être curieux, et évoquer et chercher systématiquement une cause toxique, notamment médicamenteuse, afin d'écourter, si possible, l'exposition au médicament suspecté et de limiter ces effets délétères chez d'autres patients.

Autour du procès Mediator°  > Texte complet dans le Dossier Prescrire 
"Autour du procès Mediator°" (accès libre)

 

©Prescrire 1er mars 2020

"Des valvulopathies d'origine médicamenteuse dans l'angle mort des cardiologues" Rev Prescrire 2020 ; 40 (437) : 219-222 (pdf, accès libre)

"Curiosité" Rev Prescrire 2020 ; 40 (437) : 161. (pdf, accès libre)

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Lire les textes complets :

Des valvulopathies d'origine
médicamenteuse dans l'angle
mort des cardiologues
Pdf, accès libre

Curiosité
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Pour en savoir plus :

Autour du procès Mediator° Dossier Prescrire 
Autour du procès Mediator°
Accès libre


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