Les phtalates sont des additifs utilisés dans les matières plastiques. Le di(2-éthylhexyl)phtalate (alias DEHP), un perturbateur endocrinien toxique pour la reproduction, a été progressivement remplacé par d'autres phtalates estimés a priori moins nocifs. Une étude prospective étatsunienne chez environ 5 000 données couplées mère-enfant a montré que l'exposition prénatale à divers phtalates utilisés dans les emballages alimentaires en remplacement du DEHP est associée à une augmentation du risque de prématurité, qui pourrait être même plus élevé qu'avec le DEHP.
Utilisé principalement pour la fabrication de plastiques (tel le polycarbonate), le bisphénol A est un perturbateur endocrinien qui a fait l'objet de plusieurs interdictions en France et en Europe. Il a été remplacé dans divers pays par d'autres bisphénols, notamment les bisphénols B, F et S qui se sont avérés être eux aussi des perturbateurs endocriniens.
Dans le cadre de sa stratégie "zéro pollution", la Commission européenne a publié en 2022 une feuille de route d'interdiction de certaines des substances chimiques les plus dangereuses. Le processus prévoit une approche qui contribuerait à éviter des substitutions regrettables : l'évaluation et la réglementation par groupe de substances plutôt que par substance.
Mais sous la pression des industriels de la chimie, la révision du règlement européen dit Reach sur les produits chimiques, nécessaire notamment pour mettre en œuvre cette stratégie, a été reportée sine die. La population restera donc exposée pendant longtemps encore à ces substances dangereuses.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er octobre 2024
• Texte complet :
"Substances chimiques dangereuses : substitutions regrettables" Rev Prescrire 2024 ; 44 (492) : 777. Accès libre.