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Thème : Influences

Cadeaux, leaders d'opinion, soutien des firmes aux associations de patients et de soignants, etc. mettent patients et soignants sous influences.

Cadeaux des firmes : interdits à l’université Stanford

Dans le domaine de l’éducation, beaucoup de mauvaises habitudes se prennent tôt. Quelle sera la première université française à décider de ne plus faire “comme tout le monde” ?

 

Les professionnels de santé sont habitués dès l'université à recevoir et à accepter des cadeaux des firmes, ou à suivre des évènements sponsorisés, tout en reconnaissant leur caractère intéressé et biaisé (1). Depuis plusieurs années, l'université médicale  Stanford en Californie cherche à « éviter, modérer ou, si nécessaire, gérer » les conflits d’intérêts de l’ensemble du personnel de l’université, étudiants inclus, par rapport aux firmes de santé (2).

Refus des cadeaux des firmes. Depuis octobre 2006, l’université Stanford interdit d’accepter les dons de quelque nature que ce soit de la part des firmes pharmaceutiques, et de celles qui fabriquent des dispositifs médicaux ou des équipements pour la recherche (3). Cette interdiction s'applique aussi aux “petits” cadeaux :  gadgets, stylos, échantillons de médicaments, petites fournitures, repas.

Encadrement strict de la présence des représentants des firmes. La présence des représentants commerciaux des firmes et des visiteurs médicaux est interdite dans les lieux de soins, sauf sur rendez-vous et uniquement dans le cadre de formations à l’utilisation de matériels ou d’équipements. Les réunions d’information sur des nouveaux médicaments sont autorisées seulement avec la pharmacie hospitalière ou les comités du médicament, sur la base d’une seule visite pour les personnels concernés.

Les firmes ne sont plus autorisées à verser des bourses directement à des étudiants : ce sont les départements universitaires qui sélectionnent les étudiants et décident des thèmes de recherche.

Les actions financées par les firmes doivent respecter les critères de l’Accreditation Council for Continuing Medical Education (ACCME), un organisme d’accréditation étatsunien (a), et doivent être gérées par   l’université, et non par des personnes agissant individuellement.

L’organisation et la participation à des événements ou des congrès organisés, en tout ou partie, par des  firmes sont soumises à des règles concernant notamment la transparence des conflits d’intérêts, le choix des  thèmes, le contenu des prises de parole. La signature d’articles écrits en sous-main par des employés des  firmes est interdite. Les conflits d’intérêts doivent être déclarés selon les critères de l’International Committee of Medical Journal Editors (b).

Une formation sur les conflits d’intérêts avec les firmes est prévue pour les étudiants, résidents, stagiaires et personnel de l’université Stanford (3).

Un exemple à suivre. La prise de conscience que l'influence exercée n'est pas proportionnelle à la taille des cadeaux fait son chemin. Ceux qui reçoivent des cadeaux de petite taille ou peu coûteux en sous-estiment généralement l'importance (4). Plusieurs universités étatsuniennes telles que celles de Pennsylvanie, du Michigan ou Yale, ainsi que des groupements de cabinets médicaux, ont instauré le refus de tout cadeau des firmes (5,6). De plus en plus de professionnels de santé et d'étudiants prônent des mesures visant à contrôler ou à supprimer ces influences (c)(7,8).

©Prescrire 2007

Rev Prescrire 2007 ; 27 (281) : 221.

Notes :
a- L’ACCME a pour mission « l’identification, le développement et la promotion de critères de qualités concernant la formation médicale continue des praticiens pour le maintien de leur compétence et l’intégration des nouvelles connaissances pour améliorer la qualité des soins aux patients ». Site internet : http://www.accme.org consulté le 8 novembre 2006.
b- L’International Committee of Medical Journal Editors (ICHJE, alias “Groupe de  Vancouver”) a pour mission d’établir des règles de rédaction pour les articles publiés dans les revues médicales. Il publie des recommandations concernant la gestion des conflits d’intérêts des auteurs. Site internet : http://www.icmje.org consulté le 8 novembre 2006.
c- Par exemple, l’Association des étudiants en médecine étatsuniens (American Medical Student Association (AMSA)) organise chaque année depuis 2002 une journée de sensibilisation “Pharm free” pour inciter étudiants et professionnels de santé à se libérer des influences des firmes pharmaceutiques. Site internet : http://www.amsa.org consulté le 8 novembre 2006.

Extraits de la veille documentaire Prescrire.
1- Prescrire Rédaction “Cadeaux” des firmes : le conditionnement dès l'université Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) : 213-214.
2- Stanford University School of Medicine “Faculty disclosure of conflicts of interest”. Site internet http://med.stanford.edu consulté le 8 novembre 2006 : 21 pages.
3- Stanford University School of Medicine “Policy and guidelines for interactions between the Stanford University School of Medicine, the Stanford Hospital and Clinics, and Lucile Packard Children's Hospital with the pharmaceutical, biotech, medical device, and hospital and research equipment and supplies industries (“industry”)”. Site internet http://med.stanford.edu consulté le 8 novembre 2006 : 6 pages.
4- Dana J et Loewenstein G “A social science perspective on gifts to physicians from industry” JAMA 2003 ; 290 (2) : 252-255.
5- Saul S “Drug makers pay for lunch as they pitch” The New York Times, 28 juillet 2006. Site internet http:// www.nytimes.com consulté le 28 juillet 2006 : 4 pages.
6- Pollack A “Stanford to ban drug makers’ gift to doctors, even pens” The New York Times, 12 septembre 2006. Site internet : http://www.nytimes.com consulté le 12 septembre 2006 : 2 pages.
7- “No free lunch” (site internet). Présenté dans : Rev Prescrire 2003 ; 23 (239) : 388.
8- Brennan TA et coll. “Health industry practices that create conflicts of interest” JAMA 2006 ; 295 (4) : 429-433. 
9- Rogers W et coll. “The ethics of pharmaceutical industry relationships with medical students” MJA 2004 ; 180 (8) : 411-414.

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