search
Abonnez-vous

Autour du procès Mediator°

La revue Prescrire s'est interrogée sur le benfluorex contenu dans Mediator° dès 1986 et elle a contesté son maintien sur le marché douze ans avant que les autorités françaises n'en suspendent la commercialisation. Prescrire retrace l’historique du désastre.

Le désastre Mediator°, 1976-2024

 
 
 
 
 

1976

Servier commercialise en France le benfluorex comme médicament sous 
le nom commercial Mediator°. Le benfluorex appartient au groupe des fenfluramines, substances dérivées de l'amphétamine. Son effet principal est coupe-faim (anorexigène) mais il est surtout présenté comme un médicament du diabète et anti "gras".

1995

Interdiction du benfluorex dans les préparations magistrales amaigrissantes en raison de ses risques cardiovasculaires, parmi des dizaines d'amphétaminiques. Mediator° reste commercialisé.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1997

Retrait des autres fenfluramines anorexigènes de Servier (noms commerciaux en France : Isoméride° et Pondéral°) du marché mondial car elles provoquent de graves hypertensions artérielles pulmonaires (HTAP) et des atteintes des valves cardiaques (valvulopathies). Mediator° reste commercialisé.

1997

Prescrire constate qu' « il n'y a actuellement aucune raison de traiter les diabétiques non insulinodépendants avec le benfluorex. Le maintien sur le marché et la prise en charge par l'assurance maladie de ce médicament doivent être reconsidérés ».

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1998

Une étude de l'Union régionale des caisses d'assurance maladie (URCAM) de Bourgogne montre que la prescription de Mediator° accompagne souvent un traitement à visée amaigrissante.

1999

Premiers cas rapportés d'HTAP et de valvulopathies sous Mediator°. D'autres cas suivront jusqu'en 2009.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1999

Retrait en France de divers amphétaminiques anorexigènes. Mediator° reste commercialisé.

2000

Confirmation qu'une molécule commune à toutes les fenfluramines, la norfenfluramine, est à l'origine de leur toxicité pour les valves du cœur.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2003, 2005, 2006, 2008, 2009

Prescrire rappelle les risques d'HTAP et de valvulopathie liés au benfluorex, qui justifient de ne pas l'utiliser et de le retirer du marché.

2009

Retrait en France du Mediator° à la suite d'une alerte de pharmacovigilance lancée par le Centre hospitalo-universitaire de Brest et relayée par la CNAM (Caisse nationale d'assurance maladie).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Juin 2010

Retrait du Mediator° au niveau européen. Publication du livre “Mediator 150 mg, combien de morts ?” (Irène Frachon, éditions Dialogues). Le titre est censuré à la suite d'un référé de Servier. Il est rétabli en appel en 2011.

Novembre 2010

L'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) reconnaît que le Mediator° est la cause de la mort d'au moins 500 personnes.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2011

Rapport approfondi de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) très critique vis-à-vis de l'administration sanitaire et de Servier.

2011

Loi "de sécurité du médicament", en réaction au désastre du Mediator°. Parmi les mesures, la transformation de l'Afssaps en ANSM.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2014

Reconnaissance d'une responsabilité de l'État « malgré les fautes de Servier » par le tribunal administratif, confirmée en appel puis par le Conseil d'État en 2017.

2015

Un premier jugement civil contre Servier reconnaît le caractère défectueux du Mediator°, jugement confirmé en appel puis par la Cour de cassation en 2017.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2019

Plus de 3 700 personnes vivantes ou décédées sont reconnues victimes du Mediator° par l'ONIAM (Office national d'indemnisation des accidents médicaux), leur ouvrant droit à être indemnisées.

2019-2021

Procès pénal relatif au désastre en première instance, au terme duquel plusieurs parties ont fait appel.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2024

Procès en appel.
La Cour a condamné Jean-Philippe Seta (ex-numéro 2 de Servier) à quatre ans de prison dont un ferme (à exécuter sous le régime de la détention à domicile sous surveillance électronique) et la firme à plus de 9 millions d'euros d'amende. Elle a aussi condamné la firme à rembourser les assureurs maladie à hauteur de 420 millions d'euros. Les condamnés se sont pourvus en cassation.

Mediator° dans Prescrire

Les ouvrages sur le désastre Mediator°