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Encore trop de grossesses exposées à des médicaments dangereux

En France, plusieurs enquêtes aux résultats préoccupants montrent que trop de grossesses sont encore exposées à des médicaments dangereux tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) et des antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (alias sartans), et à l'isotrétinoïne.

• Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) et les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (alias sartans) exposent à des troubles graves fœtaux et néonatals lorsqu'ils sont administrés aux 2e et 3e trimestre de la grossesse : insuffisance rénale et oligoamnios, et à des malformations en cas d'exposition pendant le premier trimestre de la grossesse (1).

• Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), en deuxième partie de grossesse, exposent les nouveau-nés à une hypertension artérielle pulmonaire avec fermeture prématurée du canal artériel et insuffisance rénale avec oligoamnios. En début de grossesse, certaines études montrent un risque de fausse couche ou de malformation (2).

• L'isotrétinoïne (Procuta° ou autre) est tératogène : un quart des enfants exposés in utero sont malformés et présentent une triade évocatrice associant des atteintes craniofaciales, des atteintes cardiaques et des atteintes du système nerveux central (3).

• Le Centre régional de pharmacovigilance de Bordeaux a distribué un questionnaire concernant les antalgiques à 600 femmes en visite prénatale. 527 ont retourné le questionnaire. Parmi les femmes qui ont utilisé un antalgique durant leur grossesse, soit 56 %, 3,3 % ont répondu avoir pris un AINS (4).

• Le Centre régional de pharmacovigilance de Toulouse a analysé les demandes de remboursement auprès de la Caisse nationale d'assurance maladie faites à 23 900 femmes enceintes sur l'année 2007 en région Midi-Pyrénées (5). 33 femmes ont soumis à remboursement un IEC pendant leur grossesse et 34 femmes un sartan, soit au total 5,4 % des femmes hypertendues.

• Entre 2003 et 2006, 147 grossesses exposées à l'isotrétinoïne ont été rapportées en France auprès des centres régionaux de pharmacovigilance, du Centre de référence sur les agents tératogènes, ou des firmes concernées (6,7).

• En pratique : repérer les médicaments notoirement tératogènes. La lutte contre la banalisation de la médicamentation reste d'actualité.

©Prescrire 15 novembre 2009

"Titre" Rev Prescrire 2009 ; 29 (313) : 831. (pdf, réservé aux abonnés)

Références
1- Prescrire Rédaction "Pas d'IEC ni de sartans pendant la grossesse : RCP uniformisés" Rev Prescrire 2009 ; 29 (304) : 103.
2- Prescrire Rédaction "Éviter toute prise d'AINS durant la grossesse : un objectif d'APP de Prescrire" Rev Prescrire 2008 ; 28 (301) : 859.
3- Prescrire Rédaction "Isotrétinoïne orale : encore des grossesses exposées" Rev Prescrire 2005 ; 25 (265) : 674.
4- Kerrache S et coll. "Self medication with non-steroidal anti-inflammatory drugs during pregnancy : a prospective survey in a department of obstetrics" 30es journées de pharmacovigilance, Marseille : 15-17 avril 2009. Fundamental Clin Pharmacol 2009 ; 23 (suppl 1) : 51 (abstract 255).
5- Duhalde V et coll. "Antihypertensive drug prescription pattern before, during and after pregnancy" 30es journées de pharmacovigilance, Marseille : 15-17 avril 2009. Fundamental Clin Pharmacol 2009 ; 23 (suppl 1) : 94 (abstract 475).
6- Autret-Leca E et coll. "Isotretinoin exposure during pregnancy" 30es journées de pharmacovigilance, Marseille : 15-17 avril 2009. Fundamental Clin Pharmacol 2009 ; 23 (suppl 1) : 93 (abstract 471).
7- Prescrire Rédaction "Isotrétinoïne : trop de grossesses exposées" Rev Prescrire 2009 ; 29 (304) : 107.

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