Les stratégies de recherche et développement suivies par les firmes pharmaceutiques depuis quelques décennies ne donnent plus assez de résultats positifs en matière de progrès thérapeutique tangible pour les patients. Tel est le bilan que la revue Prescrire dresse dans son numéro de février, en l'illustrant d'exemples de médicaments récemment mis sur le marché en France.
Commercialiser le nième traitement hormonal substitutif de la ménopause, ou le nième anti-inflammatoire non stéroïdien, même en le plaçant dans la niche des douleurs post-opératoires, ou un médicament de plus dans la bronchopneumopathie chronique obstructive, dans laquelle les médicaments ont un rôle très modeste, c'est s'engager dans une impasse : pas de progrès thérapeutique tangible apporté aux patients, pas de succès commercial durable.
En revanche, apporter un traitement aux patients atteints d'une maladie métabolique rare, ou proposer un dérivé du sang qui prolonge la survie de certains patients après une transplantation, ou continuer à mettre au point des antiviraux destinés aux patients atteints d'hépatite B et dépourvus de thérapeutique efficace, c'est répondre à de réels besoins.
Il reste beaucoup de besoins négligés, mais, pour y répondre, les firmes doivent se montrer originales, ambitieuses, patientes et persévérantes. Cela suppose d'abandonner le mythe stérile du médicament rapportant un milliard de dollars de chiffre d'affaires par an, qui ne concerne que très peu de maladies.
©Prescrire 1er février 2004
LIBRE "Le mot de Gaspard : Changer de cap" Rev Prescrire 2004 ; 24 (247) : 88. Télécharger (pdf, 103 Ko).
