En 2006, parmi les centaines de médicaments présentés dans la revue Prescrire, on a compté seulement 23 nouvelles substances, et peu de progrès thérapeutiques tangibles pour les patients. En outre, la revue a déploré la mise sur le marché de 17 médicaments à balance bénéfices-risques défavorable.
La crise de l'innovation des firmes pharmaceutiques est mondiale et durable. Pourtant les firmes restent attractives pour leurs actionnaires, car une stratégie marketing bien conduite peut transformer en jackpot des médicaments qui n'apportent pas de progrès thérapeutique pour les patients.
La stratégie de croissance actuelle des firmes est basée sur la publicité, et tout particulièrement la publicité auprès du grand public, déguisée le plus souvent en "information-santé".
Les firmes, aidées par la Commission européenne, cherchent à faire légaliser en Europe la publicité grand public pour des médicaments de prescription. En attendant, elles détournent massivement cette interdiction, notamment par l'intermédiaire d'informations tronquées portant sur les maladies. Plusieurs médicaments sont aujourd'hui commercialisés dans des "maladies" nouvelles largement fabriquées par les firmes. Et celles-ci s'invitent de plus en plus au lit des malades, sous prétexte de les aider à bien suivre leur traitement (programmes dits d'aide à l'observance).
Les firmes cherchent à s'immiscer dans tous les domaines de la santé, y compris dans la relation médecins-patients. Ces derniers ont beaucoup à perdre de cette confusion des genres.
©Prescrire 1er février 2007
LIBRE "L'année 2006 du médicament : quand la publicité masque l'absence de progrès thérapeutique" Rev Prescrire 2007 ; 27 (280) : 140-150. Télécharger (pdf, 292 Ko).