Le sujet de l'automédication est redevenu à la mode après qu'un rapport officiel en ait conseillé la promotion en France. Dans son numéro de mars, la revue Prescrire considère que la santé de la population et l'autonomie des patients ne sont pas au cur de ce projet, mais qu'il s'agit plutôt d'une exploitation des consommateurs abusés par la publicité.
Pour garantir une automédication au bénéfice des patients, la première mesure à prendre est de retirer du marché les médicaments dont la balance bénéfices-risques n'est pas favorable. Ensuite, il s'agit de définir collectivement, clairement et objectivement, ce qui relève de la prescription médicale du point de vue de la qualité des soins, et ce qui n'en relève pas ; ce qui doit être pris en charge par l'assurance maladie, et ce qui n'a pas à l'être. Les pharmaciens devraient pouvoir conseiller directement aux patients des médicaments à balance bénéfices-risques favorable, conçus pour cela.
Une telle politique dissiperait bien des confusions. Mais il s'agit aussi de promouvoir une information prolongée, approfondie et adaptée des citoyens, visant à la "démédicamentation" de l'esprit des patients, des familles et des professionnels de santé.
Les Français sont champions du monde de la consommation de médicaments. Il est grand temps de les aider à se désintoxiquer de l'illusion de la panacée, et du "médicament réponse à tout".
La santé n'est pas toujours une affaire de médicaments. Ils sont parfois nécessaires, souvent inutiles, voire néfastes. Voilà ce que ne dira jamais une publicité grand public pour un médicament d'automédication.
©Prescrire 1er mars 2007
LIBRE "Automédication" Rev Prescrire 2007 ; 27 (281) : 161. Télécharger (pdf, 30 Ko).