Dans tous les pays, même les plus riches, l’augmentation très forte des dépenses consacrées aux traitements des cancers menace l’accès aux soins pour tous. Le prix extravagant des nouveaux médicaments anticancéreux est l’un des principaux sujets d’inquiétude.
Pour l’organisme britannique chargé d’évaluer la balance coût-efficacité des médicaments, ces prix très élevés sont surtout motivés par la recherche du profit financier : les firmes cherchent à dégager beaucoup de profits malgré les pertes de chiffre d’affaires de leurs médicaments en fin de brevet. Pas grand-chose à voir avec l’intérêt des médicaments ou leur coût de recherche et développement. Or, « si des sommes de plus en importantes d’un système de santé aux ressources limitées sont consacrées à des soins anticancéreux non coût-efficaces, cela se fera au détriment d’autres patients atteints d’autres maladies, moins défendus par les firmes et des associations de patients ».
Préoccupés par l’envolée des dépenses déconnectées des progrès pour les patients, des cancérologues de plus en plus nombreux appellent à mieux utiliser les moyens disponibles, sans céder au "toujours plus" : « Continuer des soins sans utilité, telle une chimiothérapie pendant les dernières semaines de vie [des patients] (...) peut (…) les exclure de soins palliatifs qui amélioreraient la qualité de leur vie, et pourraient même l’allonger ».
Pour maîtriser les dépenses de santé liées au cancer, des cancérologues appellent soignants et patients à plus de "réalisme" dans leurs attentes. Une invitation à la sagesse et à un examen critique de l’empilement des moyens diagnostiques et thérapeutiques, pour des progrès inexistants ou minimes.
Et une réflexion valable bien au-delà du domaine de la cancérologie.
©Prescrire 1er avril 2012
"Anticancéreux : prix extravagants" Rev Prescrire 2012 ; 32 (342) : 291. (pdf, accès libre)