En France, à l'automne 2014, les pharmaciens d'officine se sont mobilisés notamment contre la fin de leur monopole sur la vente des médicaments, projet du gouvernement semble-t-il abandonné depuis.
La vente de médicaments sans conseil dans certaines officines conforte sans doute les projets récurrents de fin du monopole des pharmaciens. Mais ne voir que cet aspect de la profession, c'est négliger le service rendu par de très nombreux pharmaciens en tant que professionnels de santé de premier recours.
Leur rôle de service aux patients est à valoriser. Pour conseiller ou orienter face à un problème de santé. Pour aider à utiliser au mieux les médicaments dispensés et à se prémunir de risques d'erreur. Pour expliquer les effets des médicaments, leur utilité et leurs risques. Pour expliquer comment prendre les médicaments, les arrêter, s'en passer. Pour vérifier l'absence de contre-indication, éviter les interactions dangereuses et les surdoses. Pour informer sur la conduite à tenir devant des effets indésirables. Pour accompagner au long cours les patients atteints de maladie chronique.
En pratique, pour la société, utiliser au mieux les compétences des pharmaciens nécessite que plusieurs conditions soient réunies, notamment : une formation initiale et continue solide en pharmacie clinique, centrée sur l'intérêt premier des patients ; une rémunération adaptée, assurant la pérennité d'un réseau officinal de proximité et centrée sur la valorisation des actes pharmaceutiques. Aujourd'hui la rémunération basée principalement sur le prix des médicaments est inadmissible.
Il s'agit de défendre non pas un monopole, mais bien une compétence au service des patients et en coopération avec les autres soignants. La défense de la place des pharmaciens d'officine dans les soins nécessite une réflexion approfondie et des propositions sur leur champ de compétence propre, leur formation et leur mode de rémunération qui incite à prendre pleinement en compte ce rôle de soignant.
©Prescrire 1er décembre 2014
"Pharmaciens-soignants" Rev Prescrire 2014 ; 34 (374) : 881. (pdf, accès libre)