Les progrès dans la connaissance des mécanismes impliqués dans la transformation de cellules saines en cellules cancéreuses ont conduit à rechercher des médicaments qui ne visent pas l'ADN ou la division cellulaire (contrairement aux anticancéreux plus anciens), mais qui visent les particularités moléculaires des cellules cancéreuses à l'origine de la prolifération cellulaire, de la résistance à l'apoptose (mort de la cellule), et de la néoangiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux sanguins).
Certaines thérapies dites ciblées représentent des progrès thérapeutiques conséquents en cancérologie. C'est notamment le cas avec le trastuzumab (Herceptin°) pour le traitement de patientes atteintes d'un certain type de cancer du sein métastasé, et avec l'imatinib (Glivec°) pour le traitement de patients atteints de certaines tumeurs digestives et de certaines leucémies. Mais les cibles moléculaires visées par les nouveaux anticancéreux sont largement présentes aussi dans d'autres organes, d'où de nombreux effets indésirables plus ou moins graves.
Des progrès notables ont aussi été observés avec un médicament ancien, le thalidomide, dans le traitement du myélome, avec l'abiratérone (Zytiga°) et l'enzalutamide (Xtandi°) dans celui du cancer de la prostate métastasé. L'ondansétron apporte un réel progrès pour prévenir les nausées et vomissements induits par divers cytotoxiques, tels que les sels de platine.
Des progrès ont été aussi observés dans le domaine de la chirurgie et de la radiothérapie dans certains cancers.
Malgré ces progrès, à quelques exceptions près, le pronostic est rarement bouleversé. D'où l'attention soutenue à porter à la prévention des effets indésirables et à la qualité des soins symptomatiques, dits palliatifs, des domaines où les progrès sont à rechercher constamment, car ils s'adressent à presque tous les patients.
©Prescrire 1er août 2015
"Cancers : des progrès substantiels, au prix d'effets indésirables notables" Rev Prescrire 2015 ; 35 (382) : 610-618. (pdf, réservé aux abonnés)