En France, en 2016, la loi de santé a introduit une très timide recommandation, en précisant que la mention des informations nutritionnelles obligatoires sur les étiquettes des aliments industriels « peut être accompagnée d'une présentation ou d'une expression complémentaire au moyen de graphiques ou de symboles ».
L'obésité, qui touche davantage les personnes de faible niveau socioéconomique, a des conséquences néfastes sur la santé. Parmi les moyens de prévention, les mentions nutritionnelles sur les aliments bénéficient davantage aux personnes les plus éduquées. Illustrer simplement ces mentions est donc un enjeu de santé publique.
Pour aider les consommateurs à choisir parmi les aliments et inciter les industriels à améliorer leurs produits, un code à 5 couleurs (jaune, vert, orange, rose, rouge), a été testé dans deux études, chez plus de 10 000 personnes chacune. Il a montré sa supériorité sur d'autres codes et a été recommandé par le Haut conseil de la santé publique.
Mais dès le départ, les secteurs de l'agroalimentaire et de la distribution se sont opposés à ce code, notamment parce qu'il comportait la couleur rouge, et ont proposé diverses alternatives moins explicites.
Sur l'insistance du ministre de l'Agriculture, la ministre de la Santé a accepté de tout remettre à zéro en lançant une évaluation de divers codes. Sous le patronage et avec le financement des firmes et distributeurs du secteur, très présents aussi dans le comité scientifique.
Au point que son président, aussi directeur général de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), a démissionné du comité de pilotage. Et pour parachever le tout, le lobby agroalimentaire a écrit au ministre de l'Agriculture pour demander l'arrêt des travaux de l'Inserm sur les codes couleurs…
Le temps perdu à démontrer ce qui l'a déjà été est du temps perdu pour la santé des personnes.
©Prescrire 1er février 2017
"Obésité : les lobbys font la loi" Rev Prescrire 2017 ; 37 (400) : 131. (pdf, accès libre)