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Prix des anticancéreux : décryptage d'une fuite de courriels

Un réseau de hackers spécialisé dans l'investigation sur l'industrie pharmaceutique a obtenu les courriels des grandes firmes pharmaceutiques discutant de l'élaboration des prix des médicaments. Prescrire a eu accès à ces documents…

Prescrire, l'International Society of Drug Bulletins, et plusieurs membres du Collectif Europe et Médicament ont effectué une recherche commune, à partir de données fournies par un réseau de hackers spécialisé dans l'investigation sur l'industrie pharmaceutique. Ce réseau a mis la main sur une dizaine de milliers de courriels émis par les grandes firmes pharmaceutiques, qui ont été déposés sur un site d'accès sécurisé. Ces courriels ont été mis à disposition d'équipes universitaires et d'associations à but non lucratif, à condition qu'elles soient en mesure de prouver leur indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique.

Une première analyse des données, réalisée en collaboration avec six équipes internationales spécialisées dans l'économie du médicament, s'est concentrée sur la construction du prix des anticancéreux. Il s'agissait de comprendre pourquoi la plupart des nouveaux anticancéreux commercialisés dans l'Union européenne étaient proposés à un prix correspondant à une dépense médicamenteuse d'environ 5 000 à 8 000 euros par mois (1).

Cette convergence des prix de ces médicaments est-elle due au hasard ? Ce qui revient à tester une hypothèse nulle, aux sens propre, figuré et étymologique du qualificatif. Les tests de statistiques pharmaco-économiques développés pour l'occasion ne vont pas dans ce sens.

Autre hypothèse, cette convergence des prix provient-elle de contraintes structurelles incompressibles ? Par exemple, une taxe secrète de 4 000 euros par traitement mensuel et par patient atteint de cancer, versée aux agences nationales du médicament pour financer la recherche sur des autorisations de mises sur le marché expéditives ? Cette recherche, déjà lancée par l'Agence européenne du médicament (EMA), s'avérerait être dans les faits un gouffre financier en médiologie et en expertises des décors en trompe-l'oeil.

Au terme de l'analyse, l'hypothèse la plus solide semble être l'entente des firmes pour drainer l'argent des systèmes de solidarité sociale autant que ces systèmes peuvent se le permettre, voire un chouïa au-delà, selon l'hypothèse connue de la "disposition à payer pour soi plutôt que pour son voisin". Les porte-paroles des firmes mises en cause ont réfuté cette « hypothèse qui n'est pas crédible car trop évidente ».

Quoi qu'il en soit, il ne fait aucun doute, après analyse des courriels échangés, que les protagonistes se connaissent tous, étant adhérents des mêmes sociétés de pêche à la ligne.

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©Prescrire 1er avril 2017

"Prix des anticancéreux : décryptage d'une fuite de courriels" Rev Prescrire 2017 ; 37 (402) : 304. (pdf, réservé aux abonnés)

Référence :
1- Loyal Hackers Group "Winning bait and memorable catch. What fish in our nets ?" 1er avril 2017. Site www.CatchBigFish.org : 5 pages

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