En 2010, l'évaluation de l'aspirine en prévention d'un premier accident cardiovasculaire a montré une balance bénéfices-risques incertaine : diminution probable de la fréquence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les femmes et des infarctus du myocarde chez les hommes, sans effet sur la mortalité totale ou cardiovasculaire, et au prix d'un surcroît d'hémorragies.
Une synthèse d'essais cliniques publiée en 2019 a actualisé ces données d'évaluation. Ont été recensés 13 essais randomisés ayant inclus au total plus de 160 000 personnes sans maladie cardiovasculaire connue. Ces essais ont comparé un traitement d'au moins un an par aspirine (entre 75 mg et 100 mg par jour dans la majorité des essais) versus placebo ou absence de traitement. Les essais ont duré entre 4 ans et 13 ans. Le traitement par aspirine n'a réduit ni la mortalité totale, ni la mortalité cardiovasculaire. L'aspirine a évité 1 infarctus du myocarde pour environ 360 personnes traitées, et un AVC ischémique pour environ 540 personnes traitées, sans diminuer le nombre total d'AVC.
Les résultats ont été voisins des résultats globaux chez les patients diabétiques et chez les personnes à risque cardiovasculaire élevé.
Selon cette synthèse d'essais, la prise d'aspirine n'a pas été associée à une réduction du risque de cancer, ni à une moindre mortalité par cancer, contrairement à l'hypothèse d'un rôle préventif de l'aspirine sur certains cancers émise dans les années 2000.
Les résultats de la méta-analyse de 2019 vont dans le même sens que les données de 2010 : la balance bénéfices-risques de l'aspirine en prévention d'un premier accident cardiovasculaire dans la population générale reste incertaine.
©Prescrire 1er novembre 2019
"Aspirine en prévention d'un premier accident cardiovasculaire" Rev Prescrire 2019 ; 39 (433) : 848. (pdf, réservé aux abonnés)
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