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Recherche et covid-19 : cinq mesures concrètes à adopter par les gouvernements

 Forum   Le médecin directeur exécutif de Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi) propose cinq mesures concrètes à prendre par les gouvernements pour s'assurer que les bonnes intentions affichées en réponse à la crise du covid-19 se matérialisent en outils médicaux mis à la disposition des médecins et des patients.

Le texte "New health tools for COVID-19”, rédigé par Bernard Pécoul (Médecin directeur exécutif de Drugs for Neglected Diseases initiative), a été diffusé sur euractiv.com en juin 2020. Cet extrait a été traduit par l'auteur et paraît dans la rubrique “Forum” du numéro d’août de Prescrire.

« Alors qu'une réponse multilatérale pour la recherche covid s'organise, voici cinq mesures concrètes que les gouvernements doivent prendre pour s'assurer que les bonnes intentions affichées se matérialisent en outils médicaux mis à la disposition des médecins et des patients :

Premièrement. Les décisions en matière de financements ne doivent pas être prises à huis clos, en club fermé. Ce n'est pas à un groupe restreint de pays d'identifier et de décider quels sont les tests de dépistage, les médicaments et les vaccins qui fonctionnent. Nous devons identifier les outils et les réponses les plus efficaces et les plus adaptés à des contextes et des pays très différents. Inclure tous les pays dans ce processus, c'est reconnaître la nécessité de répondre à la pandémie par de multiples solutions et contributions. Les scientifiques et responsables de la santé publique des pays à faibles et moyens revenus sont les plus légitimes et les plus qualifiés pour déterminer les réponses les plus adaptées à leurs populations.

Deuxièmement. Les gouvernements doivent s'engager à ce que les connaissances et les données obtenues grâce aux recherches qu'ils financent soient partagées de façon ouverte et transparente. La R&D médicale se déroule souvent à huis clos, pour des raisons de confidentialité commerciale ou parce que les entreprises rechignent à publier des résultats négatifs. Mais nous savons par expérience que la science ouverte – la publication et mise à disposition pour tous des résultats et des données, en temps réel – est plus efficace, et que le partage des connaissances permet d'accélérer les avancées scientifiques. Le financement de la recherche doit donc être assorti de conditions exigeant que toutes les données – y compris les données génétiques sur le virus, les molécules prometteuses, les protocoles d'essais cliniques et les résultats – soient mises dans le domaine public.

Troisièmement. Les gouvernements doivent s'assurer que les futurs outils médicaux seront libres de toute restriction en matière de propriété intellectuelle. Les droits qui contrôlent les connaissances peuvent devenir un obstacle à la recherche comme à la production à grande échelle de traitements abordables. Les bailleurs qui financent la recherche doivent donc s'assurer qu'aucun nouveau droit ne sera déposé. Les détenteurs de technologies doivent s'engager soit à ne pas faire respecter leurs droits existants à la propriété intellectuelle, soit à partager ces connaissances en cédant leurs droits sous licence non exclusive à l'échelle mondiale.

Quatrièmement. Des mesures doivent être prises dès aujourd'hui pour assurer une production suffisante, un accès équitable et des prix abordables. Fabriquer un nombre suffisant de tests, de traitements, de vaccins et d'équipements essentiels sera peut-être le plus grand défi à relever. Se contenter d'augmenter les capacités de production existantes ne suffira pas. De nouvelles sources d'approvisionnement doivent être créées, notamment grâce à des transferts de technologie. Les futurs outils médicaux contre la covid-19, une fois développés, devront être distribués de façon équitable entre les pays riches et les pays pauvres, et à l'intérieur même de ces pays. La priorité doit être donnée aux personnes les plus vulnérables et les plus exposées. Le prix de ces outils devra être aussi proche que possible de leur coût de fabrication, afin que tous les systèmes de santé puissent y avoir accès. La gratuité sera nécessaire pour ceux qui en ont le plus besoin.

Et enfin. Les gouvernements doivent exiger une transparence totale en matière de financement de la recherche. Les montants de l'argent public investis dans la découverte et le développement de technologies médicales contre la covid-19 sont colossaux. Chaque contribuable a le droit de bénéficier d'un retour public sur ces investissements publics. Pour gagner la confiance et le soutien du grand public, et pour prouver que les gouvernements comme les bénéficiaires de ces financements sont responsables de la manière dont ils sont utilisés, la transparence sera essentielle. »

Bernard Pécoul
Médecin directeur exécutif de Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi)

Extrait de l'édito "New health tools for COVID-19" publié sur Euractiv.com juin 2020 (voir > ICI) et traduit par l'auteur pour Prescrire.

©Prescrire 1er août 2020

• Texte complet : 

"Forum. Recherche et covid-19 : cinq mesures concrètes à adopter par les gouvernements" Rev Prescrire 2020 ; 40 (442) : 631. Réservé aux abonnés.

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Voir aussi :

"Recherche et
développement
de médicaments :
une initiative modèle"
(Août 2020)
Accès libre

"Initiative modèle"
Rev Prescrire 2020 ;
40 (442) : 561.
Pdf, accès libre

"Développement
du fexinidazole : fruit
d'une collaboration
exemplaire" 
Rev Prescrire 2020 ;
40 (4443) : 567.
Pdf, réservé aux abonnés


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