prescrire.org > Tous les articles en Une > "Articles en Une"
"Articles en Une"

Bas les masques !

 Point de vue  Des dérivés de l'amphétamine, il y en a encore sur le marché ? Oui, et il est utile pour les soignants de savoir les repérer, afin de prévoir leurs effets, et notamment leurs effets indésirables, en particulier cardiovasculaires.

La dénomination commune internationale (DCI) aide à cette identification par les segments-clés "orex" (comme dans benfluorex, ex-Mediator° ou autre), et "amfé" (largement utilisé sans être répertorié).

Un segment-clé ne compte que quelques lettres, mais c'est déjà une boussole très utile. Par exemple, pour éviter de se laisser égarer par le discours des firmes, voire des agences. Ainsi, la DCI solriamfétol (Sunosi°), médicament autorisé chez certains patients gênés par une narcolepsie ou un syndrome d'apnées obstructives du sommeil, comporte le segment-clé "amfé" puisqu'il s'agit d'un dérivé de l'amfétamine. Pourtant ni les documents d'agences du médicament que nous avons consultés, ni ceux de la firme, ne mentionnent clairement cette proximité. Des particularités du mécanisme d'action du solriamfétol par rapport à l'amfétamine sont mises en avant, alors que sa structure chimique et ses effets chez des animaux sont bien ceux des amphétaminiques.

Chez les humains, le solriamfétol expose, entre autres, aux effets indésirables connus des amphétaminiques, à court terme. D'où l'importance d'exiger des preuves solides de son (éventuel) intérêt, puis d'évaluer les conséquences de son utilisation sur une longue durée avant d'exposer en routine les patients. Il s'agit de tirer des enseignements du désastre du Mediator° dont les effets amphétaminiques ont été trop longtemps ignorés, niés ou masqués.

©Prescrire 1er mai 2021

• Textes complets :

"Bas les masques !" Rev Prescrire 2021 ; 41 (451) : 324. Accès libre

"Solriamfétol (Sunosi°) et somnolence liée à une narcolepsie ou des apnées du sommeil. Un amphétaminique aux risques cardiovasculaires mal cernés" Rev Prescrire 2021 ; 41 (451) : 325-332. Réservé aux abonnés.

Je m'abonne à Prescrire