Amphétaminique retiré du marché mondial dans les années 1990 suite à ses effets indésirables cardiovasculaires mortels lors son utilisation comme anorexigène, la fenfluramine a été autorisée récemment dans l'Union Européenne chez les patients âgés de 2 ans ou plus atteints d'un syndrome de Dravet (alias épilepsie myoclonique sévère du nourrisson). Cette forme rare mais grave d'épilepsie, d'origine le plus souvent génétique, se manifeste avant l'âge de 2 ans, principalement par des crises convulsives, souvent déclenchées par un pic de fièvre, de plus en plus fréquentes. Ces crises sont d'autant plus graves quand elles se prolongent au-delà de 30 minutes car elles exposent à des séquelles neurologiques et à la mort. Environ un enfant sur 6 meurt avant l'âge de 10 ans. Le traitement médicamenteux antiépileptique diminue le nombre de crises, sans les faire disparaître.
La fenfluramine (Fintepla°) a été évaluée dans deux essais versus placebo, chez environ 200 patients chacun, pendant 14 et 15 semaines, en ajout à un traitement antiépileptique jugé insuffisant. L'ajout de fenfluramine a réduit la fréquence des crises convulsives toutes gravités confondues. Mais les crises les plus graves (état de mal convulsif) ont été plus fréquentes (10 % à 15 % de patients en plus). Par ailleurs, l'évaluation à trop court terme de l'ajout de fenfluramine ne permet pas de mesurer les conséquences des crises convulsives graves sur le développement psychomoteur des enfants.
Les risques neuropsychiques, cardiaques graves et de dépendance liés à la fenfluramine, un excès de morts inexpliquées dans le groupe des enfants exposés à la fenfluramine, des risques de surdose, en particulier liés au conditionnement mal adapté, et les risques importants d'interactions médicamenteuses font qu'en pratique, la fenfluramine n'est pas une option acceptable.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er octobre 2021
• Texte complet :
"Fenfluramine (Fintepla°) et syndrome de Dravet. Des états de mal convulsif plus fréquents et des risques cardiovasculaires graves à long terme" Rev Prescrire 2021 ; 41 (456) : 736-740. Réservé aux abonnés.