Réduire ou arrêter l'utilisation de médicaments inutiles, voire délétères, vise à "ne pas nuire". Mais "déprescrire" n'est pas simple. Dans certaines situations, il est souhaitable de ne pas prescrire un médicament. C'est le cas quand cela évite d'exposer les patients à des risques qui pèsent trop lourd par rapport à des bénéfices prévisibles très minces, voire très incertains. C'est assurément le cas des médicaments à écarter des soins, dont le bilan est mis à jour chaque année par Prescrire depuis 10 ans. Contribuer à les arrêter est une démarche utile, même si elle se heurte parfois aux
réticences de patients qui ne ressentent pour l'instant aucun inconvénient à les prendre, et à celles de prescripteurs qui n'en perçoivent pas les risques.
De nombreux autres médicaments ont une balance bénéfices-risques favorable en traitements de courte durée, mais exposent à long terme à des effets indésirables disproportionnés par rapport aux bénéfices espérés. Pour guider une démarche de déprescription dans ces situations, on manque souvent de données d'évaluation solides. Comme l'acte de prescrire, celui de déprescrire un traitement n'est pas sans risque. La démarche est similaire : évaluer pour et avec chaque patient les probabilités de bénéfices et les probabilités d'effets nocifs de l'arrêt de ce traitement, et les mettre en balance avec ceux de le poursuivre. Puis parfois ne pas déprescrire, ou attendre un meilleur moment.
Dès sa prescription, il est déjà utile d'informer les patients sur la raison et la durée du traitement, ce qui amène souvent à parler de l'intérêt et du moment de le déprescrire.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er décembre 2021
• Texte complet :
"Déprescription raisonnée" Rev Prescrire 2021 ; 41 (458) : 881. Accès libre.