Depuis les années 2000, des surdoses graves, voire mortelles, sont rapportées avec le tramadol buvable chez des enfants, avec notamment convulsions, comas et dépressions respiratoires. Certains cas sont liés à des erreurs lors de la prescription ou lors de la préparation de la dose, notamment par confusion entre le nombre de gouttes par prise et le nombre de gouttes par kg et par prise.
En France, fin 2022, deux solutions buvables contenant du tramadol sont autorisées chez les enfants à partir de l'âge de 3 ans (Contramal° de la firme Grünenthal, Topalgic° de la firme Sanofi Aventis). Elles sont très fortement concentrées et présentées en flacon avec embout compte-gouttes difficile à manipuler.
Fin 2021, après des signalements d'erreurs médicamenteuses chez l'enfant avec mise en jeu du pronostic vital, l'Agence française du médicament (ANSM) a annoncé l'ajout de nouvelles mentions de précautions sur les boîtes de ces deux médicaments.
Vingt ans après l'identification du danger, les firmes et l'ANSM persistent donc à limiter leur action à des modifications d'étiquetages des boîtes de tramadol buvable. Cela ne sert qu'à retarder les prises de décisions réellement protectrices, comme la mise à disposition d'une solution beaucoup moins concentrée, déjà disponible dans d'autres pays.
Dans la plupart des cas, le paracétamol, ou dans certains cas un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), sont de meilleurs choix. Quand ces premiers choix ne sont pas assez efficaces pour rendre la douleur tolérable, la morphine, à la dose minimale efficace, est un opioïde plus maniable et prévisible que le tramadol.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er novembre 2022
• Texte complet :
"Tramadol buvable et surdoses chez les enfants : à quand une solution buvable moins concentrée en France ?" Rev Prescrire 2022 ; 42 (469) : 821-822. Réservé aux abonnés.