Certains patients atteints d'une insuffisance rénale chronique et hémodialysés sont très gênés par un prurit, notamment quand celui-ci perturbe leur sommeil. Le traitement repose d'abord sur des mesures autres que médicamenteuses, notamment : appliquer du froid, porter des vêtements non irritants pour la peau, utiliser un savon doux, hydrater régulièrement la peau avec un émollient. L'optimisation de la dialyse semble aussi contribuer à réduire l'intensité du prurit chez certains patients.
Dans deux essais randomisés en double aveugle chez environ 850 patients insuffisants rénaux et hémodialysés, la difélikéfaline (Kapruvia°) a été efficace pour réduire le prurit à court terme chez 15 % à 20 % de patients de plus que dans les groupes placebo. Les événements indésirables plus fréquemment rapportés avec la difélikéfaline ont été notamment des diarrhées, des nausées, des chutes liées à des troubles de la marche et des hyperkaliémies.
La difélikéfaline est un opioïde agoniste dit spécifique des récepteurs kappa. Son passage au travers de la "barrière" hématoencéphalique vers le système nerveux central serait limité par sa nature de peptide hydrophile. Pourtant, divers troubles neuropsychiques ont été rapportés, qui font suspecter un passage effectif : sensations vertigineuses, somnolences, troubles mentaux dont états confusionnels, céphalées. La notion de "barrière" physiologique est à relativiser. Il s'agit plutôt de zones d'échanges potentiels où les flux sont difficiles voire impossibles à prévoir avec certitude.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er avril 2023
• Texte complet :
"Difélikéfaline (Kapruvia°) et prurit lié à une insuffisance rénale chronique" Rev Prescrire 2023 ; 43 (474) : 247-248. Réservé aux abonnés.
"Signé Gaspard. Infranchissable ?" Rev Prescrire 2023 ; 43 (474) : 244. Accès libre.
