Le placenta est un organe essentiel pour le maintien de la grossesse et la croissance in utero de l'enfant. Il assure les échanges métaboliques entre la mère et le fœtus, sécrète des hormones, et protège l'enfant. Toute modification de son développement ou de son fonctionnement risque d'entraîner des conséquences cliniques pour l'enfant à naître et pour la mère, dont certaines graves : hypotrophies fœtales, prématurités, morts fœtales ; avortements spontanés, complications obstétricales.
De nombreux médicaments interfèrent avec le placenta par divers mécanismes, mais les conséquences cliniques ont été globalement peu étudiées.
En début de grossesse, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) exposent à des avortements spontanés par défaut d'implantation placentaire. Divers médicaments réduisent la perfusion placentaire, notamment des vasoconstricteurs : les antimigraineux tels que les triptans, les dérivés de l'ergot de seigle et les anti-CGRP ; les sympathomimétiques utilisés comme décongestionnants nasaux tels que la pseudoéphédrine ; des amphétaminiques. Ils exposent ainsi à des retards de croissance intra-utérins, des infarctus placentaires, des hypertensions gravidiques, voire à des morts fœtales.
Les diurétiques, et certains hypotenseurs comme les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) ou les sartans diminuent le volume sanguin maternel et la perfusion placentaire, et de ce fait les échanges maternofœtaux. Ils exposent ainsi les enfants à des retards de croissance intra-utérins et des hypotensions fœtales. Certains médicaments exposent à des thromboses, notamment du placenta et du cordon. C'est le cas par exemple des neuroleptiques, y compris ceux utilisés comme antiémétiques, et des inhibiteurs de Janus kinases. Ils exposent ainsi à des altérations des échanges maternofœtaux.
Des médicaments augmentent la pression artérielle, tels que les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, les amphétaminiques, les corticoïdes. L'augmentation de la pression artérielle maternelle est un facteur de risque de prééclampsie.
Des anticoagulants, des antiagrégants plaquettaires et des antibiotiques exposent à des hémorragies parfois importantes au niveau des vaisseaux sanguins placentaires, à l'interface entre le placenta et l'utérus.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er novembre 2023
• Textes complets :
"Médicaments qui interfèrent avec le placenta et affectent le fœtus" Rev Prescrire 2023 ; 43 (481) : 827-836. Réservé aux abonnés.
"Touche pas à mon placenta !" Rev Prescrire 2023 ; 43 (481) : 801. Accès libre.