La maladie
de Fabry est une maladie héréditaire, liée
au chromosome X, qui touche essentiellement les hommes. Un déficit
enzymatique en alphagalactosidase A aboutit à une accumulation
de certains lipides dans divers organes, qui se manifeste notamment
par des acroparesthésies douloureuses, des angiomes cutanéomuqueux,
une insuffisance rénale, une atteinte cardiaque (troubles
du rythme et de la conduction, hypertrophie ventriculaire gauche)
et des accidents vasculaires cérébraux. L'espérance
de vie moyenne est d'une cinquantaine d'années et, jusqu'à
présent, le traitement était purement symptomatique.
Pratiquement
en même temps, deux firmes ont commercialisé en Europe
de l'alphagalactosidase A produite par biotechniques : TKT
Europe 5S commercialise l'agalsidase dite alfa produite à
partir de fibroblastes humains (Replagal°) ; Genzyme commercialise
l'agalsidase dite bêta produite à partir de cellules
ovariennes de hamster chinois (Fabrazyme°).
Biochimiquement,
ces deux substances sont similaires. En outre, il n'est pas démontré
que leurs effets biologiques soient différents.
Après
la publication par la revue Prescrire, en 2002, de la synthèse
des données rendues publiques, la Food and Drug Administration
(FDA) américaine a mis à disposition des données
d'évaluation clinique de Replagal° et de Fabrazyme°,
jusque-là non diffusées, contradictoires avec certaines
conclusions de l'Agence européenne et avec les données
publiées.
En fonction
de toutes les données disponibles en 2003, on peut conclure
que, dans la maladie de Fabry, l'agalsidase, qu'elle soit dite alfa
ou dite bêta, n'a pas d'effet clinique tangible démontré.
La dose optimale n'est pas connue. Il n'est pas certain que l'effet
enregistré sur divers critères intermédiaires
soit corrélé à un effet clinique tangible par
les patients, alors que le traitement est contraignant et a des
effets indésirables.
La majorité
des malades traités développent des anticorps anti-agalsidase.
On ne sait pas si ces anticorps compromettent ou non l'efficacité
du traitement à long terme.
En pratique,
il est temps de réaliser des essais comparatifs agalsidase
dite alfa versus agalsidase dite bêta pour confirmer que leurs
effets sont similaires (à posologie identique) et mieux cerner
la dose optimale. Il est temps aussi de réaliser, sur le
long terme, des essais ayant pour critères des critères
cliniques tangibles pour les malades.
©La revue Prescrire 1er juillet 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 498.
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