La victoire
des firmes pharmaceutiques a été large en matière
de protectionnisme, mais ceux qui s'étaient mobilisés
dans l'intérêt des patients ont été entendus
dans de nombreux autres domaines.
Le pire a été
évité : pas d'AMM à durée illimitée
; pas de raccourcissement des délais d'examen des demandes
d'AMM ; pas de publicité directe pour les médicaments
de prescription ; etc.
Et des avancées
notables ont été réalisées : obligations
de transparence sans précédent, qui s'imposent aux
agences chargées du médicament, qu'elles soient nationales
ou européenne ; introduction du concept de "valeur thérapeutique
ajoutée" dans quelques articles des nouveaux textes
; évaluation des notices par des groupes de patients, à
fournir dans le dossier d'AMM ; représentation des patients
au Conseil d'administration de l'Agence européenne du médicament
; etc.
Le nouveau cadre
législatif européen du médicament est cependant
à la fois solide et fragile. Solide, parce qu'il repose sur
des principes fondamentaux contenus dans le Traité de la
communauté européenne et dans la Charte des droits
fondamentaux de l'Union européenne, tel le principe de l'accès
des citoyens aux documents (21). Fragile, parce qu'il pourrait bien
ne pas être appliqué, ou l'être seulement partiellement.
Il n'est pas rare en effet, tout particulièrement en France,
que la transposition des Directives européenne soit lente,
et surtout que la loi et le règlement soient ignorés
ou occultés en pratique.
Il revient aux
patients, professionnels de santé, consommateurs, gestionnaires
des systèmes d'assurance maladie, responsables politiques
soucieux de la qualité des soins, de veiller à ce
que les "autorités compétentes" remplissent
leurs nouvelles obligations, et contraignent les firmes au respect
du cadre défini par la société.
©La revue Prescrire 1er juillet 2004
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Références
21- "Charte des Droits fondamentaux de l'Union européenne
(2000/C364/01)" reproduite dans Rev Prescrire 2003 ; 23 (243)
: 703-706.
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