L'information fait
partie intégrante des soins de santé. Mais le développement
de la publicité directe auprès des consommateurs, de campagnes de
"sensibilisation aux maladies" (alias "disease awareness",
puis "disease mongering"), des programmes dits d'"observance",
ainsi que le soutien financier direct et indirect des organisations de patients
par les firmes pharmaceutiques, ont brouillé la frontière entre
publicité pour les médicaments et information-santé. Si l'objectif
est bien de permettre aux patients de faire des choix éclairés concernant
leur santé, une distinction claire doit être faite entre information
et publicité déguisée en "information". Pour
être pertinente l'information-santé doit répondre aux critères
suivants : - fiable : étayée par des données
probantes (mentionnant les sources de données), non biaisée,
et mise à jour ; avec transparence totale sur les auteurs et leur
financement (ce qui permet de rejeter l'information influencée par
des conflits d'intérêts) ; - comparative : présentant
les bénéfices et les risques de l'ensemble des options thérapeutiques
existantes (y compris, le cas échéant, l'option consistant
à ne pas traiter) et expliquant l'évolution naturelle de la maladie
ou du symptôme ; - adaptée aux utilisateurs : compréhensible,
facilement accessible et adaptée au contexte culturel.
Beaucoup
de sources d'information pertinentes sont aujourd'hui à la disposition
du public, aussi bien en Europe que dans le reste du monde. Des progrès
restent encore à faire, mais il est faux d'affirmer que l'Europe souffre
d'un " syndrome de déficit en information des patients ". Des
outils spécifiques d'évaluation et de mesure de la qualité
de l'information sur la santé ont été élaborés.
Leur objectif est d'aider à la fois les personnes qui fournissent de l'information
et les utilisateurs à s'assurer de l'exactitude, de la qualité et
de la pertinence de l'information diffusée pour qu'elle permette des choix
éclairés. Cette Déclaration donne beaucoup d'exemples d'outils
d'évaluation de la qualité de l'information et de sources d'information
fournies par des autorités sanitaires, des agences du médicament,
des organismes d'évaluation en soins de santé, des organismes payeurs,
des professionnels de santé, des organisations de consommateurs et des
groupes de patients indépendants. Les
firmes pharmaceutiques ont un rôle strictement limité en raison de
leur conflit d'intérêts inhérent. Les recommandations concernant
les choix thérapeutiques doivent être indépendantes à
la fois des firmes qui ont un produit de santé à vendre et de l'industrie
pharmaceutique dans son ensemble. L'affirmation des lobbyistes industriels, selon
laquelle " dans la pratique, on empêche les consommateurs et les patients
de recevoir des informations sur leurs médicaments et leurs effets comparatifs
[à cause de] l'interdiction [qui est faite à] ceux qui les mettent
au point d'informer les patients [
] y compris sur leurs propres sites web
", n'a tout simplement pas de sens. Les firmes pharmaceutiques, et tous les
"partenaires" qu'elles financent, ne peuvent pas fournir de données
comparatives non biaisées sur les options thérapeutiques, médicamenteuses
ou non-médicamenteuses, existantes. Les firmes pharmaceutiques ont
en revanche un rôle spécifique à jouer : la législation
les oblige à étiqueter correctement leurs médicaments, accompagnés
de notices conformes à la réglementation. La Directive 2004/27/CE
exige que ces notices soient évaluées par des patients. Cette disposition
est importante et très attendue. Des notices et des conditionnements informatifs
sont de nature à contribuer à une meilleure utilisation des médicaments
et à la prévention des erreurs. En
pratique, l'amélioration de l'accès des citoyens européens
à l'information pertinente passe par la prise en compte de propositions
telles que : - garantir la transparence des agences des produits de santé
pour faire en sorte que le public puisse effectivement accéder aux données
d'évaluation de l'efficacité et des risques avant mise sur le marché
des médicaments et produits de santé, et aux données de pharmacovigilance ;
- obliger les firmes pharmaceutiques à respecter leurs obligations
en matière de conditionnement des médicaments ; - développer
et renforcer les sources d'information comparative et non biaisée sur les
options thérapeutiques ; - optimiser la communication entre les
patients et les professionnels de santé ; - permettre aux patients
de participer directement à la notification des effets indésirables
des médicaments ; - mettre fin à la confusion des rôles
entre les firmes pharmaceutiques et les autres acteurs ; - faire intégralement
appliquer la réglementation européenne sur la publicité pour
les médicaments.
©Déclaration
conjointe de : HAI Europe, ISDB,AIM, BEUC, Collectif Europe et Médicament
- 3 octobre 2006 |