Pour exercer son métier de pharmacien, d'infirmier, de médecin, d'aide-soignant, de kinésithérapeute, de sage-femme, etc., on a besoin de plus ou moins d'outils. Des outils adaptés à son savoir et à son savoir-faire. À ce que l'on est tenu de savoir faire, en fonction des conditions dans lesquelles on exerce. À ce que l'on a envie de faire.
Construire et réviser sa boîte à outils de professionnel de santé, de soignant, mérite que l'on prenne le temps de se poser ou de se reposer des questions. Pour qu'au-delà de leur symbolique (couleur de la blouse, stéthoscope, etc.), les outils retenus nous aident à répondre aux besoins des patients.
Qu'est-ce que je sais faire ? Qu'est-ce que je sais moins bien faire ? Qu'est-ce que je ne sais pas faire ? Qu'est-ce que j'ai su faire et ne sais plus bien faire ? Qu'est-ce que je n'ai pas besoin de savoir ou devoir faire ? Dans les conditions et l'environnement où j'exerce, quels sont les services que j'ai à rendre ? À qui puis-je passer la main si je ne peux pas les rendre ? Et dans quels délais ? Si j'envisage de passer la main, quelles sont les conséquences pour le patient ? Gain ou perte de chances ? Perte de temps ? Perte d'argent ? N'ai-je pas intérêt à m'outiller et m'entraîner pour faire des gestes qui rendront service dans un contexte où l'accès à certains soignants spécialisés est ou va devenir problématique ?
Par exemple, l'outillage que j'ai retenu me permet-il de confectionner des orthèses plantaires sur mesure ?
L'outillage que j'ai retenu pour faire face à des urgences cardiovasculaires tient-il compte des délais d'arrivée des secours médicalisés dans le lieu où j'exerce ?
Ou plus simplement, suis-je correctement outillé pour extraire un bouchon de cérumen ? Si je ne parviens pas à l'extraire par irrigation, vais-je passer la main à un ORL qui ne pourra pas recevoir le patient avant plusieurs semaines, ou que le patient décidera de ne pas consulter car sa complémentaire santé et ses moyens financiers sont insuffisants ? Ou vais-je m'outiller d'une anse, d'une curette, d'un crochet, etc. (lire aussi "Extraction d'un bouchon de cérumen par un soignant") ?
Savoir passer la main, au bon moment, c'est agir pour rendre service au patient. D'autres fois, savoir garder la main pour éviter au patient plus de désagréments que d'avantages, c'est aussi lui rendre service.
S'outiller à bon escient, entretenir et réviser sa boîte à outils, c'est anticiper les situations où il serait dommage qu'un "simple" manque d'outils ne permette pas de rendre le service attendu ou espéré par le patient.