Le
lévonorgestrel (Norlevo°), en prise unique de 1 500 µg dans les
72 heures après un rapport sexuel non protégé, permet une
contraception postcoïtale avec un taux d'échecs inférieur à
2 % (1). Le lévonorgestrel
pour contraception postcoïtale est disponible en pharmacie sans prescription,
en France et dans d'autres pays. Des interrogations ont été soulevées
lors de l'accès direct à cette contraception. Cela n'allait-il pas
diminuer la contraception estroprogestative régulière, plus efficace
? l'usage des préservatifs, utiles en prévention des maladies sexuellement
transmissibles ? Cela n'allait-il pas conduire certaines femmes à répéter
l'utilisation d'une contraception postcoïtale ? Ces
interrogations ont conduit la Food and Drug Administration américaine à
refuser la vente sans prescription de la contraception postcoïtale (2,3).
En Grande-Bretagne, la
contraception postcoïtale n'était disponible jusqu'en 2000 que sur
prescription médicale. Elle est devenue disponible sans prescription depuis
janvier 2001 (3). Une enquête, menée sur 2000 à 2002, chaque
année auprès d'environ 7 600 femmes âgées de 16 ans
à 49 ans, a étudié l'impact de cet accès à
cette contraception (3). L'utilisation
de la contraception postcoïtale n'a pas augmenté après la mise
à disposition sans prescription : 6,5 % en 2000, 6,3 % en 2001 et 5,6 %
en 2002 des femmes interrogées ont répondu l'avoir utilisée
une fois dans l'année ; respectivement 2 %, 1,5 % et 1,7 % l'ont utilisée
2 fois ou plus. L'utilisation
des autres contraceptions est restée stable aussi : environ un tiers des
femmes interrogées utilisaient une contraception hormonale ou un stérilet,
20 % une contraception locale, et dans 25 % des cas la contraception était
assurée par la stérilisation d'un des 2 partenaires. L'utilisation
régulière ou occasionnelle des préservatifs est restée
inchangée (environ 75 % des femmes interrogées ont répondu
l'utiliser).
En somme,
selon cette enquête britannique, la vente en pharmacie sans ordonnance de
la contraception postcoïtale ne semble pas augmenter notablement les comportements
sexuels à risque ni modifier l'utilisation des préservatifs ou d'une
contraception régulière.
De
quoi dissiper certaines craintes. © La revue Prescrire
15 mars 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) : 208. _________
Références 1- Prescrire Rédaction
"Contraception postcoïtale" Rev Prescrire 2005 ; 25 (260) : 299. 2-
Klein JD et coll. "Emergency contraception" Pediatrics 2005 ; 116 (4) : 1026-1035. 3- Marston C et coll. "Impact on contraceptive practice of
making emergency hormonal contraception available over the counter in Great Britain : repeated-cross sectional surveys" BMJ 2005 ; 371 : 271-273. |