Il n'existe pas
actuellement dans le monde de réglementation concernant les niveaux de
concentration des médicaments ou de leurs métabolites dans l'environnement. Plusieurs
milliers de tonnes de substances pharmaceutiques à usage humain ou vétérinaire
sont utilisées chaque année dans le monde. Lorsqu'elles
sont consommées, ces substances sont éliminées par voie fécale
ou urinaire, parfois sous une forme active. Certains
modes d'élimination des médicaments inutilisés entraînent
une pollution des eaux de surface et souterraines. Des
concentrations très faibles de nombreuses substances pharmaceutiques sont
retrouvées à la sortie des stations d'épuration des eaux
usées, dans les eaux de surface et souterraines, et dans certains échantillons
d'eau de boisson. Cette
micropollution peut induire des effets biologiques sur certaines espèces
aquatiques. Les effets sur les humains sont inconnus. Les
traitements de l'eau effectués dans les stations de traitement d'eau potable
comprennent l'addition éventuelle de charbon actif, la chloration et/ou
l'ozonation. Des études ont montré que l'application simultanée
de ces trois traitements permettait d'éliminer complètement les
médicaments présents dans les eaux d'alimentation de ces stations.
Les auteurs soulignent cependant des incertitudes sur l'activité biologique
persistante de dérivés chlorés ou oxydés des médicaments,
et sur les risques de traitement insuffisant de l'eau par mauvais réglage
des réacteurs. Sans
attendre les résultats de l'évaluation des risques, des mesures
de prévention sont légitimes. L'évaluation des risques écologiques
et sanitaires s'annonce longue et complexe. Quels qu'en soient les résultats,
mieux vaut promouvoir dès maintenant des mesures de prévention destinées
à réduire la pénétration des médicaments dans
l'environnement aquatique et, à défaut, à améliorer
leur élimination au niveau des stations d'épuration. Différents
niveaux sont concernés : industrie pharmaceutique, professionnels de santé,
consommateurs, filières de recueil et de traitement des déchets,
systèmes de traitement des eaux usées et de valorisation des boues
d'épuration, traitement de l'eau potable. De
manière très pratique et immédiate, la présence de
médicaments dans les eaux douces en France est une excellente raison pour
que pharmaciens et patients jouent à fond la carte du retour systématique
des médicaments non utilisés en officine, en vue de leur incinération. ©
La revue Prescrire 15 juin 2007 Rev Prescrire 2007 ; 27 (284) :
460-464. |